Synode Awala-Yalimapo 5, 6 et 7 juillet 2019

Du 5 au 7 juillet, une Assemblée pré-synodale s’est tenue au Centre Simili à Yalimapo. 130 personnes ont participé à ces échanges, des délégations amérindiennes du Haut-Maroni, de l’Oyapock et de beaucoup de villages du littoral et aussi des délégations Bushinengués de l’Ouest et de Kourou. Cette assemblée voulait aider l’évêque à préparer le Synode qui rassemblera tous les évêques d’Amazonie (près de 110 évêques) à Rome, autour du pape François, en octobre prochain.

Aider l’évêque à mieux connaitre les peuples de la forêt

L’intérêt de cette assemblée pré-synodale était la rencontre de l’évêque de Guyane avec les peuples autochtones et les communautés locales. Ecouter leur ressentis, leur sentiment de dépossession de leur terre d’Amazonie et de leur culture, leur relation avec l’Église catholique et leur spiritualité indigène, il était important pour créer un espace de confiance, de dialogue pour le partage et l’expression culturelle de chacun.

Une assemblés spirituelle et profondément humaine.

Les trois journées de travail se sont déroulées dans un climat d’allégresse, d’enthousiasme partagé et d’une réelle volonté collective de construire une église en Guyane avec un visage amazonien et qui  promeut la fierté de chaque communauté. Fier d’être amérindien, fier d’être bushinengué. Mais on a aussi ressenti la ferme intention des délégué(e)s de vouloir participer pleinement à la construction du bien-vivre dans leurs villages, que leur droit et mode de vie soient enfin reconnus et respectés par les autorités politiques et étatiques.

Recueillir la sagesse de ceux qui vivent en harmonie avec la création

Le bien vivrec’est « vivre en harmonie avec soi, avec la nature, avec les autres humains et avec l’être suprême ». La vision cosmologique et spirituelles des peuples autochtones diffère, voire s’oppose quelquefois, aux intentions des politiques publiques et des sociétés occidentalisées. Au cœur de ce cercle vertueux, l’être humain, intendant de la Nature, a pour mission de veiller à la protection de cette terre-mère. Alors que le système économique actuel a plus tendance à la destruction de la vie, à l’accaparement des richesses et à l’exploitation des hommes.

L’écoute libère la parole et la communion

Comme jamais auparavant, des mots forts ont été prononcés durant les sessions, un débat sans tabou même si cela fut parfois provoquant. A travers sa foi, sa spiritualité, chacun a su se dépasser, se dévoiler pour contribuer à cet élan d’espoir que suscite la construction d’une écologie intégraleen Guyane et la mission confiée pour la porter à la connaissance de toutes et tous sur l’ensemble du territoire guyanais.

Vers une « écologie intégrale »

 

Ellesignifieque nous nous développons en tant qu’être humain sur la base de nos relations avec nous-même, avec les autres, avec la société en général, avec la nature/l’environnement, et avec Dieu. Cette connectivité intégrale est souvent soulignée par les communautés de l’Amazonie. « Nous faisons partie du tout et tout est en nous. » Hervé Morin, philosophe

Les communautés autochtones sont des interlocuteurs privilégiés car ils vivent en harmonie avec la nature et pourtant ils ne se sont jamais sentit aussi menacés qu’aujourd’hui. Leur territoire est convoité par les multinationales qui n’hésitent pas à les expulser pour piller les richesses qu’ils ont su préserver jusque-là pour l’intérêt de l’humanité. L’homme est un loup pour l’homme.

 

Un moment historique d’échange spirituel

Nous avons vécu un grand moment de communion et un évènement historique durant ce week-end d’assemblée pré-synodale. La bénédiction chamanique, l’échange entre l’évêque et l’autorité spirituelle de la communauté Kali’na fut l’apogée de ces journées. Jamais de mémoire d’amérindien (Kali’na), un tel rituel ne fut jadis pratiqué. Aussi, on a perçu une immense émotion chez tous les participants. Ils étaient toutes et tous fier(e)s, touché(e)s d’avoir pu vivre ce moment de l’histoire du peuple Kali’na et de l’Eglise.

Le vendredi après-midi était consacré au constat, VOIR avec un œil amoureux :

 

Un grand nombre des délégués ont exprimé leur cri :

Pourquoi les décisions se prennent sans consultation de la population ?

Pourquoi les jeunes doivent se déplacer sur le littoral pour poursuivre leur scolarisation ?

Pourquoi des lois inadaptées menacent nos modes de vie et nos pratiques ancestrales, mettant en péril notre existence?

Pourquoi entrer de force dans une société de consommation qui laisse peu de place aux pratiques ancestrales et à la transmission de nos savoir-faire?

Pourquoi ne pas nous permettre de créer de la valeur ajoutée pour notre territoire la Guyane?

L’église catholique a participé à l’esclavage mais elle a fait aussi beaucoup de bien. Il n’y a qu’un seul Dieu. Qu’il s’appelle Tamushichez la Kali’na, Adayaliichez les Arawaks, Origuiichez les Pahikwènèh, Caïbo-ïchez les Téko, Kuyulichez les Wayanas, nous prions l’Être suprême, le Créateur de l’univers.

Pourquoi les échanges entre générations sont devenus si difficiles ?

 

José Gaillou (à suivre…)