4 octobre 2019 – Méditation du Pape François pour le Mois Missionnaire Extraordinaire : La grâce de se répentir

La grâce de se répentir

Notre prénom est « pécheur ». C’est pourquoi « nous demandons au Seigneur la grâce de nous couvrir de honte » devant le Dieu tout-puissant qui nous « embrasse » de toute sa miséricorde. Et « pour demander pardon comme le prophète Baruc nous le montre aujourd’hui », a dit le Pape François lors de la messe célébrée le vendredi 6 octobre au matin à Santa Marta.

En fait, « la première lecture est un acte de repentance », a-t-il aussitôt fait remarquer en se référant au passage du livre de Baruc (1, 15-22). « Le peuple se repent devant le Seigneur et demande pardon pour ses péchés : il se repent en regardant la gloire du Seigneur et les mauvaises choses qu’il a faites ». Et « le passage du prophète Baruc commence ainsi : « Au Seigneur, notre Dieu, la justice » parce qu’il est juste et « pour nous le déshonneur sur le visage » ».

C’est pourquoi, affirma le Pontife, « ils se sentent ainsi, sans honneur et avec ce cœur ils demandent pardon ». Et « ils ne disent pas : « Nous avons fait ceci, ceci, ceci, ceci, ceci… » : ce qu’ils ont toujours fait, ils le disent par rapport au Seigneur, devant le Seigneur ». C’est « la voie du repentir : tout le peuple s’est repenti, en ce moment, et a demandé pardon pour tous « les habitants de Jérusalem, pour nos rois et nos chefs, pour nos prêtres et nos prophètes et pour nos pères, car nous avons péché contre le Seigneur ».

« Cela signifie que nous sommes tous des pécheurs, nous tous, » relança François. A tel point que « personne ne peut dire « je suis juste » ou « je ne suis pas comme ça ou comme ça » » ». Mais reconnaître plutôt que « je suis un pécheur ». Et « Je dirais que c’est presque le premier nom que nous avons tous : pécheurs, » dit le Pape, puis il se demandait : « Pourquoi sommes-nous pécheurs ? Nous avons désobéi, toujours en relation avec le Seigneur : il a dit une chose et nous en avons fait une autre ; nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur : il nous a parlé plusieurs fois ». En effet, insistait-il, « dans nos vies tout le monde peut penser : « combien de fois le Seigneur m’a parlé, combien de fois je n’ai pas écouté ». Par exemple, poursuit-il, « il parlait avec ses parents, avec sa famille, avec le catéchiste, dans l’église, dans les sermons, il parlait aussi dans nos cœurs : nous entendons la voix du Seigneur » mais « nous n’avons pas entendu cette voix qui nous disait de « marcher selon les décrets » qu’il avait donnés ».

Nous relisons dans le passage de Baruc proposé par la liturgie : « Nous nous sommes rebellés contre le Seigneur notre Dieu ». Et « le péché est toujours cela » parce que « le péché isolé n’existe pas ». Parce que « le péché est toujours péché parce qu’il est en relation avec Dieu ». En effet, a expliqué le Pontife, « le péché isolé » est dans la « description dans les livres mais, dans la vie, un péché est toujours une mauvaise chose devant Dieu, dans la relation avec lui ». C’est ainsi que le Pape poursuivit, reprenant les paroles du passage de Baruc, « nous nous sommes rebellés » contre lui, « nous n’avons pas écouté obstinément sa voix » : voici « l’obstination du cœur ».

« Je pense – confie François – que le prophète nous apprend à nous repentir ; il nous enseigne quelle est la manière de demander pardon, la vraie manière ». Baruc écrit que « tant de maux sont venus sur nous avec le péché » : et ceci « parce que – note le Pape – le péché ruine, ruine le cœur, ruine la vie, ruine l’âme : il s’affaiblit, il tombe malade ». Dans le passage de Baruc, nous lisons : « Nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur » et, au contraire, « chacun de nous, au lieu d’écouter la voix du Seigneur, a suivi les penchants pervers de son cœur, a servi des dieux étrangers et a fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur » ».

Essentiellement, dit le Pontife, « le Seigneur nous a parlé », mais « chacun de nous a fait le contraire : il est tombé dans l’idolâtrie, les petites idolâtries du quotidien, il a fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur et il a suivi « les penchants pervers du coeur » ».

« Nous savons – dit-il en suggérant de faire une réflexion personnelle – qu’en nos cœurs il y a plusieurs fois des inclinations vers le péché : vers l’avidité, vers l’envie, vers la haine, vers la calomnie ». Et « nous pensons » à la « calomnie : peut-être que vous ne le faites pas – je ne sais pas – mais combien de fois ai-je mal parlé des autres ? Combien de fois ai-je parlé ? ». La calomnie, en effet, « est une inclination du cœur : ruiner la vie des autres ». Qui plus est : « Nous nous déchirons les vêtements quand nous entendons parler de guerres, mais parler est une guerre, c’est une guerre du cœur pour détruire l’autre ». Et quand « le Seigneur nous dit : « non, ne parle pas, ferme-la », mais « je fais ce que je veux ».

Il est donc important, souligne François, « de toujours regarder le péché dans cette relation avec le Seigneur qui nous aime, nous donne tout », même si « nous faisons ce que nous voulons ». C’est pourquoi, suggéra-t-il à nouveau, « quand nous faisons l’examen de conscience ou nous préparons à la confession, nous ne devons pas seulement faire une liste des péchés, comme l’annuaire téléphonique ou la liste qui sort dans les supermarchés : non ». Au contraire, nous devons reconnaître « ce péché que j’ai commis devant le Seigneur : faites toujours le rapport : « J’ai fait ceci devant vous. »

Plusieurs fois, a-t-il souligné, « nous allons nous confesser avec la liste des péchés – laids, c’est vrai – et nous y jetons tout devant le prêtre, et nous restons calmes ». Mais il poursuivit : « Je me demande : où est le Seigneur ? Ai-je pensé que ce péché est contre le Seigneur ? « Ah, ça ne m’est pas venu à l’esprit ». Pourtant « ce n’est pas une tache à enlever, si c’était une tache, il suffirait d’aller chez le teinturier et de se faire nettoyer ». Au contraire, explique le Pape, « le péché est une relation de rébellion contre le Seigneur : il est laid en soi, mais il est laid contre le Seigneur qui est bon ». Alors « si je pense que mes péchés sont comme ça, au lieu d’être déprimé, je ressens ce grand sentiment : la honte, le déshonneur dont parle le prophète Baruc ». Parce que « la honte est une grâce : avoir honte devant le Seigneur ».

D’où la proposition d’un examen de conscience personnel : « Que personne ne réponde, mais oui, qu’il réponde dans son cœur : avez-vous eu honte devant le Seigneur, pour vos péchés ? As-tu demandé la grâce de la honte, la grâce de la honte devant toi, Seigneur, que t’ai-je fait ? Car je suis mauvais, guéris-moi, Seigneur. Et « afin que le Seigneur nous guérisse tous », a souhaité le Pape, en se souvenant que la honte « ouvre la porte à la guérison du Seigneur ».

Pour sa part, François poursuit : « Que fait le Seigneur ? Fais ce que nous avons prié dans la prière que nous avons recueillie au début : « Seigneur, toi qui révèles ta toute-puissance, surtout par la miséricorde et le pardon » ». Ainsi, « quand le Seigneur nous voit ainsi », nous devons « avoir honte de ce que nous avons fait et demander humblement pardon : il est le tout-puissant, il efface, il nous embrasse, il nous caresse et nous pardonne ». Mais « pour arriver au pardon, le chemin est celui que le prophète Baruc nous enseigne aujourd’hui ».

« Nous louons le Seigneur aujourd’hui – c’était l’exhortation du Pape – parce qu’il a voulu manifester sa toute-puissance précisément dans la miséricorde et le pardon ; puis, aussi dans la création du monde, mais ceci est second ». Et « surtout dans la miséricorde et le pardon et devant un Dieu si bon, qui pardonne tout, qui a tant de miséricorde, nous demandons la grâce de la honte, de la honte ; la grâce du déshonneur ». Comme l’écrit Baruc, « à l’Éternel, notre Dieu, la justice ; à nous, déshonneur, c’est la honte ». Et « avec cette honte, d’approcher celui qui est si puissant dans la miséricorde et le pardon ».