Communiqué numéro 2 de l’évêque de Cayenne

A. MESURES TRANSMISES AUX PAROISSE DE GUYANE

1.     Il est prudent que les messes du samedi soir et du dimanche ne soient plus ouvertes au peuple chrétien à partir de ce samedi 14 mars et jusqu’à nouvel ordre. Il est trop difficile, dans les grandes communes, de « répartir » les fidèles par groupes de 100 personnes, sans multiplier les offices et entraver la vie de beaucoup de chrétiens par des horaires difficiles à observer.

2.     L’évêque dispense les fidèles des grandes paroisses du diocèse de Cayenne de l’obligation dominicale, à savoir Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury, Soula Kourou, St Laurent du Maroni. Par contre, les petites communautés de moins de 100 personnes peuvent se retrouver selon le discernement de leurs pasteurs.

3.     Les églises demeureront ouvertes aux horaires habituels à la prière des fidèles.

4.     Les rassemblements de plus de 100 personnes sont suspendus.

5.     Les rassemblements d’enfants et d’adolescents sont suspendus tant que les écoles, collèges, lycées et Université seront fermés.

6.       Les prêtres sont invités à célébrer la messe entre eux, en respectant les consignes de prudence concernant la communion. Ils diront la messe en portant les intentions de leur peuple et les encourageront à vivre une communion spirituelle. Il peut être envisagé que le conseil pastoral ou un autre groupe paroissial puisse représenter la paroisse à la Messe du dimanche.

7.     Les curés sont encouragés à proposer aux fidèles d’autres modes de prière en famille ou par lieu de proximité géographique et à communiquer les horaires des messes sur les radios et télévisions.

8.     Les messes de semaines, à partir de lundi 16 mars peuvent être célébrées sans jamais dépasser la limite de 100 personnes. Il est déconseillé aux personnes de plus de 70 ans et aux enfants de s’y rendre.

9.     Ces restrictions doivent aussi s’appliquer aux funérailles.

10.  La confession peut être entendue, les prêtres veilleront à garder une distance nécessaire d’un mètre avec le pénitent.

B. POURQUOI DE TELLES MESURES ?

Je ne peux que reprendre le message de l’archevêque de Paris, relayant une décision prise avec tous les évêques d’Île de France

« Nous traversons une période difficile à laquelle nous n’étions pas préparés. Il y a déjà longtemps qu’une épidémie d’une telle ampleur n’avait pas frappé la France et la planète entière.

« En ces temps troublés, il est bon de rappeler l’indispensable fraternité qui seule fonde une authentique nation. A la tentation du sauve-qui-peut et de la suspicion généralisée, les chrétien doivent se rappeler qu’au cours de siècles ils ont eu à cœur d’accueillir la demande du bon Samaritain : « Prend soin de lui » (Luc 10,35). Dans les grandes pandémies du passé, ils ont été en première ligne pour être fidèles à cette demande du Christ, souvent au risque de leur vie. nous ne pouvons pas répondre, comme Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? », quand Dieu lui demande : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Cf. Genèse 4,9).

« C’est aussi par souci des fidèles qu’il m’a fallu prendre des décisions de prévention élémentaire pour nos églises. Nous avons à transmettre la grâce divine, pas les virus, qui ne sont pas des dons de Dieu mais l’expression de la fragilité de la condition humaine. Aujourd’hui, comme il était à prévoir, le discours du président de la République et les mesures prises par le gouvernement obligent la communauté catholique à prendre sa part du sacrifice demandé à l’ensemble de nos concitoyens le fait de réduire les réunions à moins de 100 personnes ne nous permet pas de maintenir les messes dominicales dans les grandes paroisse. Même en augmentant le nombre de célébrations cela nous conduirait à sélectionner les personnes à l’entrée en fonction de leur âge ou de leur état de santé, ce qui n’est ni réalisable ni juste. Aussi, en accord avec d’autres évêques d’Ile de France et des Antilles, nous avons décidé que les messes dominicales en présence des fidèles soient suspendues pour un temps encore à définir, ceci à partir de ce samedi 14 mars.

« Cette décision est extrêmement douloureuse car l’Eucharistie est bien la source et le sommet de la vie chrétienne. Les chrétiens se réunissent depuis toujours le dimanche pour célébrer la Résurrection du Seigneur. Les prêtres continueront à célébrer à tous les jours. Le Christ, notre Grand Prêtre, à la fois celui qui offre et celui qui est offert, continuera par leurs voix à présenter à Dieu ce grand sacrifice d’amour pour le salut de tous. Les fidèles baptisés pourront s’unir dans une communions spirituelle et s’engager à vivre le dimanche une prière en famille ou en petits groupes autour de la Parole de Dieu.

« Il n’est pas toujours possible de communier, mais il demeure toujours possible de vivre cette offrande de soir en communion avec le Christ, uni à son Corps qu’est l’Eglise. La charité est la source de cet amour oblatif, qui vient de Dieu et qui mène à Dieu.

« Les temps à venir nous sont ainsi donnés pour qu’en nous retirant dans le désert de ce jeûne imprévu et douloureux, nous puissions laisser grandir en nous le goût de cet amour. Nous pourrons porter dans nos prière ceux qui ne peuvent pas avoir part à la communion sacramentelle comme nous avons pu l’entendre lors du dernier synode sur l’Amazonie.

« Notre foi nous pousse aussi à implorer la miséricorde divine. Nous pouvons tous réciter la prière pour la fin de la pandémie transmise par le Mouvement Charismatique Catholique international.

« Au-delà de notre Guyane, nous demanderons au Seigneur d’écarter de nos le mal, d’accueillir les défunts, de protéger les malades et de veiller sur ceux qui soignent.

« Jusqu’à Pâques, j’invite aussi les fidèles à vivre au moins un jour de jeune chaque semaine, le vendredi, avec abstinence de viande. En effet, le Christ nous a révélé que c’et la prière et le jeûne qui, ensemble viennent à bout des plus grandes épreuves (cf. Luc 4,1-13).

« Chers frères et sœurs, chers amis, nous vivons dans l’espérance et nous n’avons pas peur des vicissitudes de la vie et des danger qui peuvent survenir.

« Cependant, en raison de notre responsabilité vis-à-vis de tous et de notre devoir de servir le bien commun, nous prenons ces très graves décisions en croyant vraiment que cela nous donnera un amour plus grand de l’Eucharistie et nous rendra plus fidèles à la participation à la messe dominicale quand le temps sera venu.

« Les yeux fixés sur le Christ, entrons dans le combat de Dieu ». en vous redisant toute ma sollicitude pastorale, particulièrement pour les plus souffrants, je prie le Seigneur de vous bénir tous.

† Emmanuel
Evêque de Cayenne.