Bien-aimés, puisque vous savez que lui, Jésus, est juste

« Bien-aimés, puisque vous savez que lui, Jésus, est juste, reconnaissez que celui qui pratique la justice est, lui aussi, né de Dieu.
Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants  de Dieu – et nous le sommes »
1ère lettre de Jean 2,29 – 3,6.

La lettre de saint Jean contient quelques-unes des paroles les plus percutantes de l’Ecriture Sainte. D’un côté, il appelle ses fidèles à une vie exemplaire de charité et d’amour mutuel. Il n’aura de cesse de le répéter sur tous les tons. D’un autre côté cependant, il fait éclater toutes les frontières connues entre croyances.

Parce que Jésus est juste, il faut reconnaître que celui qui pratique la justice est, lui aussi, né de Dieu. Plus tard on pourra dire que parce que Jésus est amour, il faudra reconnaitre que celui qui aime est, lui aussi, né de Dieu. La vérité est dans l’être de la personne, dans sa manière d’être, dans sa justice, sa bonté, sa beauté, sa vérité ; voilà ce que Jean nous invite à méditer et à contempler. Elle n’est pas dans ce qu’il dit ou dans ce qu’il dit qu’il croit, elle est dans ce qu’il fait. Nous serons jugés sur la justice.

L’apôtre rejoint, d’une autre manière, l’allégorie du jugement dernier, selon lequel nous serons jugés sur l’amour : l’amour de celui qui a faim, de celui qui a soif, du malade, du prisonnier, de l’étranger… de celui qui est nu ! (cf. Matthieu 25,31-46).

Ainsi, Dieu a donné à certains d’être appelés enfants de Dieu, et à d’autres d’agir comme des enfants de Dieu. Nous sommes les uns dans la mesure où nous professons Jésus-Christ, mais nous ne pouvons en tirer aucune gloire, puisque d’autres, qui ne connaissent pas le Christ, vivent de la même charité, recherchent la même vérité, la même beauté et la même bonté, et donc sont « nés de Dieu ».

Seigneur, tu as dit un jour à tes disciples qui voulait empêcher quelqu’un de guérir en ton nom, de ne pas l’empêcher, car, « qui n’est pas contre nous est pour nous » (Marc 9,38-40). Apprends-nous à toujours regarder ce qu’il y a de bon dans l’autre afin d’y déceler ta présence et de te rendre grâce. Donne-nous un œil bon puisque toi, tu es bon !

† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane