Que voulez-vous, fils de Cerouya ?…

« Que voulez-vous, fils de Cerouya ?
S’il maudit, c’est peut-être parce que
le Seigneur lui a ordonné de maudire
David. Qui pourrait le lui reprocher ? »
2 Samuel 15,13-14.30 ; 16,5-13.

Les derniers chapitres de la vie de David, dans le deuxième livre de Samuel, sont un peu tristes. Ils nous relatent une « fin de règne », entouré d’intrigues, d’erreurs et de complots qui sont un peu comme la lutte d’un vieux lion dont le territoire est contesté par le ou les jeunes lions. A un niveau plus général, ils soulignent combien là où la violence a pris racine dans la vie d’un homme ou d’un royaume, elle engendre d’autres violences. Comme le dit le proverbe : « Ils sèment le vent, ils récolteront la tempête » (Osée 8,7).

Par contre, ce qui retient mon attention, c’est le comportement de David. Il ne veut pas réagir violemment ! Il préfère s’enfuir. Il ne souhaite pas la guerre avec son fils. Ce n’est pas la première fois, on se souviendra qu’il aurait pu, à plusieurs reprises, se débarrasser de Saül, mais qu’il ne l’a jamais fait. J’admire et je suis même étonné. Peu d’entre nous réagiraient aussi humblement, à de telles situations. Il a raison, je pense. Il raisonne mieux que beaucoup. Il a une maitrise de lui qui impressionne.

L’autre dimension, c’est la qualité de ses relations. Le fils rebelle, Absalom, reste son fils ! David ne lui retire pas son affection, même devant sa révolte. Il y a quelque chose de divin dans l’attitude du vieux roi, comme une image du Dieu Père, que rien, jamais, ne fera retirer son affection et sa tendresse à l’une quelconque de ses créatures !

Seigneur Jésus, tu n’aimes pas la violence, car tu sais, mieux que nous, qu’elle n’engendre que la violence ! Mais tu as donné à David un cœur étonnant de sincérité, de tendresse et de patience, de résilience devant l’adversité et la rébellion. Apprends-nous, à ton image et à ton exemple, à vivre totalement la prière de François d’Assise :

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane