Elevé de terre, Jésus nous accueille par sa croix

« Le Seigneur dit à Moïse : ‘Fais-toi un

serpent, et dresse-le au sommet d’un

mât : tous ceux qui auront été mordus,

qu’ils le regardent, et ils vivront !’ »

Nombres 21,4-9.

L’épisode des serpents dans le désert a été rapporté par Jésus pour annoncer sa croix et faire comprendre le salut pour tous ceux qui la vénèrent : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS » (Jean 3,28). Que s’est-il donc passé dans le désert ? Nous ne le saurons jamais complètement, car ces textes ont été écrits des siècles après l’événement qu’ils rapportent et tout peut laisser croire que l’histoire orale a pris des couleurs légendaires difficiles à saisir.

Là n’est pas l’important, pour le croyant. Car la Bible n’est pas d’abord un livre d’histoire, c’est un témoignage de foi et un livre de sagesse. Que nous dit-il ? Il nous parle d’un peuple conscient que les malheurs qui lui arrivent ont quelque chose à voir avec son infidélité. Il se sent en partie responsable : « nous avons péché en récriminant contre le Seigneur et contre toi. » Savoir regarder sa vie d’une façon critique est indispensable pour grandir, pour évacuer ce qui ne construit pas la paix et la communion et apprendre à être responsable pour le bien. C’est déjà une leçon d’une grande importance pour nous. Nous plaindre en accusant les autres, ou Dieu, n’est jamais bon.

Ensuite, le peuple se tourne vers Dieu et reçoit de lui le pardon et la guérison. Dieu n’est jamais insensible à la prière vraie et humble. Il sait toujours tirer le bien du mal, transformer les serpents en signes de salut. Il a fait de la mort du Christ sur la croix le chemin du pardon et de la vie redonnée ! L’image du serpent se retrouve aussi hors de la Bible, dans la mythologie grecque comme le bâton d’Esculape ou le caducée d’Hermès. Le serpent est un animal ambigu, dont il faut exorciser le pouvoir de mort. Mais c’est le Christ que nous regardons pour recevoir le pardon de nos péchés.

Seigneur Jésus, il n’y a pas d’autre nom que toi par lequel nous puissions être sauvés. Elevé de terre, tu attires à toi l’humanité tout entière, permet qu’en regardant Celui qui nous avons transpercé, nous soyons libérés de nos péchés et de la mort.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane