Avec le Christ, Miséricorde sans limites

« Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié. D’autres, sauvez-les en les arrachant au feu. D’autres enfin, prenez-les aussi en pitié, mais avec crainte, en détestant jusqu’au vêtement souillé par leur chair  »

Jude 17.20-25.

 

La lettre de Jude n’est pas le plus limpide des écrits du Nouveau Testament. Il manifeste une certaine violence, qu’il faut attribuer non à la volonté de détruire, mais au désir de sauver toute l’humanité. Et dans les lignes proclamées aujourd’hui je retiens deux choses : le souci des autres et le rejet du mal. Voilà une ligne de conduite profondément chrétienne, à condition de garder l’équilibre du Christ vis-à-vis des personnes !

 

Qui, plus que Jésus, se soucie de tous ? « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ! » (cf. Marc 2,13-17) ; « Je ne suis pas venu appeler ceux qui se croient justes, mais ceux qui se reconnaissent pécheurs » (Matthieu 9,13). Nous sommes invités, nous aussi, à la même compassion, qui doit d’ailleurs commencer par nous-mêmes, car il serait funeste de faire partie de « ceux qui se croient justes ».

 

Cependant, il importe de se garder du mal ! L’équilibre de Jésus est essentiel, car si nous ne faisons pas attention, nous risquons, à chaque instant, soit d’être tenté de rejeter le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire de juger celui qui est faible, ou celui qui a péché. D’un autre côté, nous pouvons aussi, dans un souci de proximité, nous laisser contaminer par le mal et le péché. L’appel de Jésus à la perfection nous enjoint de ne pas nous satisfaire de notre médiocrité ou de nos lâchetés, et en même temps de ne jamais nous faire juge de soi-même ou des autres, mais de garder cette attitude évangélique de compassion et d’affection.

 

Seigneur Jésus, tu nous as donné, par ta vie, de multiples exemples de ton amour pour tous, de ta proximité avec chacun, et particulièrement avec ceux qui se reconnaissent malades ou pécheurs. Nous te rendons grâce pour ta miséricorde envers tous et envers nous et nous te prions encore : remplis-nous de cette miséricorde !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane