Dieu aime celui qui demande pardon

« Quand Acab entendit les paroles prononcées par Élie, il déchira ses habits, se couvrit le corps d’un vêtement

de pénitence ; et il jeûnait, il gardait le vêtement de pénitence pour dormir, et il marchait

lentement. Alors la parole du Seigneur fut adressée à Élie : ‘Puisqu’Acab s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur de son vivant.’ »

1 Rois 21,17-29.

Une des missions majeures des prophètes du temps de Rois en Israël (1030 – 587 avant Jésus-Christ) était d’avertir les grands, les rois, des conséquences funestes du rejet de la Loi de Dieu (la Loi de Moïse, la Loi de l’

Alliance entre Dieu et le peuple qu’il avait libéré de l’esclavage d’Egypte). C’est bien ce qu’a fait Elie en venant dénoncer le meurtre de Naboth, qu’Acab a laissé faire par sa femme et dont il a voulu tirer les bénéfices en s’emparant de sa vigne.

 

En même temps, le Dieu de l’Alliance ce montre, comme toujours, à la fois ferme sur le péché – qu’il abhorre – et miséricordieux envers le pécheur – qu’il cherche toujours à sauver. La colère de Dieu n’est pas une colère destructrice, mais salutaire. Il faut donc interpréter comme suit la parole « Je ne ferai pas venir le malheur de son vivant » : les conséquences des injustices sont toujours funestes, même si les personnes dema

ndent pardon. Une société construite sur l’injustice et le meurtre n’est pas une société vivant simplement dans le bonheur.

 

Rappelons-nous que, selon la mentalité des rédacteurs humains de la Bible et principalement de l’Ancien Testament, rien ne peut se faire sans que Dieu y soit directement impliqué. Les notions de liberté et de responsabilité humaine, la notion de conséquences inévitables des actes humains ne sont pas pleinement élucidées encore. Tout ce qui arrive est, selon eux, directement attribué à Dieu. La science de l’époque n’a pas encore pleinement développé sa capacité d’analyse des situations.

Il reste, pour nous, la double leçon que Dieu est un Dieu de miséricorde, mais que les conséquences du mal que nous faisons ne peuvent pas être effacées même par le pardon. Ainsi, le pardon n’efface pas le meurtre, ni la haine semée par le meurtre.

 

Seigneur jésus, nous te bénissons pour le formidable progrès de la conscience permis par l’enseignement courageux des prophètes de l’Ancien Testament, leur sens de la justice, et l’appel à mieux évaluer les conséquences de nos actes bons ou mauvais. Que leur message nous aide à grandir dans l’horreur du mal, l’horreur du refus de ta Loi, et le désir, malgré tout, de toujours tirer le bien du mal, comme Toi et le Père savez si bien le faire.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane