Elie transmet son esprit à Elisée

« Élie dit à Élisée : ‘Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi.’ Élisée répondit : ‘Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu !’ Élie reprit : ‘Tu demandes quelque chose de difficile : tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas.’ »

2 Rois 2,1.6-14.

 

Nous avons vu, il y a quelques jours, que Dieu avait demandé à Elie de choisir le prophète qui pourrait lui succéder. Elie avait mis son espoir sur Elisée. Le temps est venu pour lui de passer la main. Désormais, il va s’en séparer, et, semble-t-il, il le teste encore ! Ainsi fait le maître, pour que son élève grandisse encore et le dépasse.

 

En réponse à l’épreuve que lui impose son maître, Elisée demande le plus, et le plus beau : il demande double part de l’esprit reçu par le maître. Sa prière ressemble à celle de Salomon, qui demandait le don de la sagesse. Elisée manifeste une grande maturité spirituelle. Il me donne un exemple de prière : prier pour recevoir les dons de l’Esprit !

 

L’enlèvement au ciel du prophète Elie est l’un des épisodes les plus énigmatiques de l’Ancien Testament. Il marquera les esprits du peuple d’Israël au point que les prophètes des siècles suivants feront du retour d’Elie le signe et l’annonce de l’arrivée des temps messianiques et du salut final offert par Dieu à son peuple. Nous retrouvons cette espérance dans le Nouveau Testament. Pour les uns, Jean-Baptiste sera le nouvel Elie (cf. Luc 1,17 ; Matthieu 17,10-12). Pour d’autres (en particulier Luc, dans son Evangile, cf. Luc 4,24-27 ; ), Jésus serait lui-même le nouvel Elie, celui qui annonce l’arrivée du Règne de Dieu.

 

Comme Élie – et comme Moïse – Jésus passe 40 jours de jeûne au désert et il a faim (Lc 4,2). Mal accueilli dans sa patrie, il rappelle ce que firent Élie et son disciple Élisée en faveur des païens (Lc 4,24-27). Comme Élie à ses disciples, il recommande aux siens de « n’emporter ni bourse, ni besace, de ne saluer personne en chemin » (Lc 10,4 ; 2 Rois 4,29). Il compare son ardeur  à remplir sa mission au zèle d’ Élie ; « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il  soit déjà allumé » (Lc 12,49) :  allusion frappante au livre du Siracide qui dit au sujet d’Élie : « Le prophète Élie se leva comme un feu et sa parole brûlait comme une torche » (Si 48,1).

 

On trouverait bien d’autres correspondances, par ex. Lc 9,61 et 1 R 19,21 (appel des disciples, appel d’Élisée) ; Lc 19,41 et 2 R 8,11 : « Jésus s’approchait de la Ville ; quand il l’aperçut, il pleura sur elle » ; à Gethsémani, un ange vient réconforter Jésus, comme celui qui avait réconforté Élie dans le désert (Lc 22,43 et 1 R 19,7). Enfin, « Jésus se sépara de ses disciples et fut emporté au ciel » tout comme Élie (Lc 24,51 et 2 R 2,11)…

 

Seigneur Jésus, tu as mis sur ma route tant de saints, grands et petits, humbles et cachés. Tous m’ont clairement fait comprendre qu’être chrétien veut dire : se laisser conduire par l’Esprit. Apprends-moi à désirer, plus encore aujourd’hui que jamais, me laisser guider, totalement, par ton Esprit.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane