Levez les mains vers le Seigneur

« Lève-toi, Pousse un cri dans la nuit au début de chaque veille ; déverse ton cœur comme l’eau devant la face du Seigneur ; élève les mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim à tous les coins de rue »

Lamentations 2,2.10-14.18-19.

 

Le livre des Lamentations comprend cinq chants de deuil (cinq chapitres) exprimés par le peuple juif en Exil à Babylone. Ils pleurent sur la ruine de Jérusalem (sous le nom poétique de Sion). Le peuple est dans l’extrême de la détresse, au bord du gouffre spirituel. Il a tout perdu, il pense que Dieu l’a abandonné, qu’il est lui même le grand ordonnateur de la défaite.

 

Le peuple en exil reconnaît, peu à peu, sa responsabilité dans la défaite. Assis au bord des fleuves de Babylone, il sait bien que sa faute est grande et qu’il n’a pas obéi à la Loi de l’Alliance avec le Seigneur. Mais la ruine est là, la famine aussi, il a vu mourir ses petits enfants, et même – parfois – il a vu des mamans cuire leur bébés pour avoir quelque chose à manger…

 

Le peuple se demande si Dieu est encore avec lui. A-t-il été complètement abandonné ? La colère de Dieu est-elle pour toujours ? La question est posée ici, comme dans le livre de Job et dans certains psaumes. Elle augmente encore la détresse.*

 

Cependant, nous le voyons ici, le poème invite à se tourner vers Dieu, malgré tout ! A le supplier, moins pour soi-même que pour les petits, les vrais innocents… nous trouvons là le début d’une espérance qui n’est pas morte, et que les poèmes suscitent en vérité. Là se trouve la vraie leçon du livre. Nous le lisons aujourd’hui, au terme de cette semaine où la lecture du Livre des Rois nous a raconté les deux défaites successives et les deux destructions, du Royaume du Nord avec sa capitale Samarie, en 721, et du Royaume du Sud avec sa capitale Jérusalem, en 587 avant Jésus-Christ

 

Seigneur Jésus, Nous reconnaissons que comme le peuple juif, nous nous tourons trop souvent vers toi lorsque, à cause de nos péchés, nous sommes dans la détresse et l’effroi. Nous te rendons grâce et nous bénissions ton Père car jamais vous ne refusez de nous consoler et de nous « ressusciter dans l’espérance ». apprends-nous surtout à rejeter tout ce qui crée la souffrance entre nous, ces péchés d’égoïsme, de volonté de pouvoir, de non-respect mutuel, d’éloignement de ta Loi d’amour.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane