« Mais ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ?
Non ! Mon cœur se retourne contre moi, et le regret me consume.

Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer »

Osée 11,1-4.8-9.

 

Osée nous découvre ici un autre visage de Dieu, celui de la miséricorde infinie, celui du cœur paternel, celui dont Jésus authentifiera définitivement les traits. Il reste que Dieu est capable de colère, tout comme nous. Car la colère, c’est une réaction physique au fait que quelque chose que nous chérissons soit piétiné devant nous : ce peut être la justice, le droit, la vérité, le beau, la bonté quoi que ce soit à quoi nous tenons, et qu’on détruit devant nous, d’une manière ou d’une autre. Le sang bouillone alors dans nos veines.

 

Mais si la colère existe bien, elle n’est pas, en soi, condamnable. Ce qui l’est, c’est la réaction que nous pouvons avoir lorsque nous sommes en colère. Ce qui est condamnable, c’est de ne pas la contrôler et, au contraire, de nous laisser conduire par elle : « Quand tu agis sous la colère, dit le proverbe, tu brûles en quelques minutes le bois amassé depuis vingt ans. » Ce qui est condamnable, c’est de ne pas rester maitre de soi.

 

Or le Dieu d’Osée, précisément, ne se laisse pas conduire par sa colère, il la domine. Il refuse d’agir selon l’ardeur de sa colère. Son cœur se retourne en lui. Il est celui qui fait vivre, malgré tout, ou même à travers toutes les morts ; Il n’est jamais celui qui fait mourir.

 

Seigneur Jésus, tu nous permets de retrouver, dans le premier Testament, les véritables traits de ton Père du Ciel. Sans la miséricorde de ton Père, qui donc pourrait tenir ? Mais ne permets pas que notre connaissance de cette tendresse nous donne de nous laisser posséder par le péché. Ne permets plus que nous te mettions en colère, toi et le Père. Garde nous du mal.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane