Dans la main du potier – dans la main de Dieu

« Maison d’Israël, est-ce que je ne pourrais pas vous traiter comme fait le potier ? – Oracle du Seigneur. Oui, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main, maison d’Israël ! »

Jérémie 18,1-6.

 

Le prophète Jérémie reçut beaucoup de messages de Dieu à travers des événements symboliques vers lesquels Dieu l’a conduit pour lui faire comprendre graphiquement ce qu’il voulait dire à son peuple. On se souvient que le jour de sa vocation, il fut convié par Dieu à voir successivement une branche d’amandier et une marmite qui penchait vers le Nord (cf. Jérémie 1,11-19). Aujourd’hui c’est chez un Potier que le Seigneur le conduit.

 

Ce faisant, Dieu fait comprendre à son prophète que nous ne sommes, vis-à-vis de Dieu, rien d’autre que de l’argile dans la main de l’artisan. Fragiles, malléables, nous ne pouvons pas exister sans Dieu, sa présence et son esprit vital. Et pourtant ! chez le potier, Jérémie observe ce qui se passe lorsque l’artisan n’est pas heureux du résultat de son travail : il détruit le vase à peine formé et un façonne un autre. Dieu fait-il pareil avec nous ?

 

Oui et non. Peut-on assimiler une défaite militaire, un exil hors de son pays comme une destruction ? Non ! Jérémie annonce, certes, cette catastrophe dont il prévoit l’arrivée. Il la voit comme la conséquence du péché du peuple, mais il ne s’agit d’une destruction. Il est question d’une épreuve. Faut-il voir cette épreuve comme un châtiment de Dieu ?

 

Le prophète l’annonce ainsi, mais il est tout aussi indiqué de comprendre qu’il s’agit bien davantage de la conséquence d’un péché qui a affaibli la cohésion du peuple et du coup en a fait une proie facile pour ses ennemis. A mesure que se déroule l’histoire, les croyants, animés par l’Esprit de Dieu comprennent que ce sont leurs actes mauvais qui les conduisent au malheur, et non l’action directe de Dieu.

 

Alors nous comprenons que l’image du potier est à prendre avec précaution. Oui, nous ne pouvons exister sans Dieu. Mais il nous a créés libres, afin de pouvoir aimer, et il respecte notre liberté. C’est le mauvais usage de cette liberté qui nous conduit dans des impasses ; lorsque Dieu intervient, ce n’est pas pour conduire dans des impasses, mais pour nous en sortir, comme le fait le GPS, qui nous ramène sur notre route lorsque, par notre faute, nous nous sommes égarés !

 

Seigneur Jésus, tu nous as dit que sans toi nous ne pouvons rien faire, et c’est vrai. Lorsque nous choisissons de vivre sans toi, nous nous égarons, mais c’est précisément pour cela que tu es venu, pour nous nous remettre sur le droit chemin, toi qui n’est pas venu pour nous condamner, mais pour nous sauver, toi qui est toujours pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie. Béni sois-tu !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane