L’amour de Dieu est éternel

« Je t’aime d’un amour éternel

Aussi je te garde ma fidélité.

Je te bâtirai et tu seras rebâtie

Vierge d’Israël  »

Jérémie 31,1-7.

 

Le prophète Jérémie n’a pas peur d’aller à contrecourant. Il connait bien le proverbe qui dit : « Celui qui rame dans le sens du courant fait rigoler les crocodiles ! ». Plus tôt dans sa vie, le peuple du Royaume de Juda se croyait en sécurité, en dépit de son infidélité à la loi de Dieu, et il se disait : « Rien ne pourra m’arriver, puisqu’ici, se trouve le temple du Seigneur ! » Jérémie, alors, annonçait, au contraire, que Dieu allait punir son peuple en le laissant aux mains des Babyloniens.

 

Maintenant que la catastrophe est arrivée, que le temple a été détruit, que le royaume est occupé par l’ennemi, que le roi a été fait prisonnier, que l’élite du peuple est en exil à Babylone et que le peuple croit que Dieu l’a abandonné, ou qu’il est moins puissant que les dieux babyloniens, Jérémie se met à parler de l’amour éternel de Dieu !

 

Selon les propos du prophète, l’amour de Dieu n’est pas en cause. Il n’aime pas parce que le peuple est bon, il aime pour rendre bon son peuple. Son amour ne dépend pas de la fidélité du peuple. Dieu est fidèle ! Comme l’écrit si bien Etty Hillesum, « il n’existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l’amour que l’on éprouve pour eux. L’amour du prochain est comme une prière élémentaire qui vous aide à vivre. La personne même de ce ‘prochain’ ne fait pas grand-chose à l’affaire. » Ce qui est vrai de l’amour humain l’est bien plus encore de l’amour de Dieu pour nous !

 

Jérémie annonce alors les noces nouvelles de Dieu avec son peuple. La défaite et l’Exil ne sont pas la fin mais seulement une épreuve dont la cause se trouve dans l’infidélité et le péché du peuple. Maintenant qu’il a été « puni » par ses propres fautes, Dieu va lui-même renouveler son Alliance. Les mots de Jérémie sont très forts, ce sont les paroles même d’un mariage qu’il reprend en les mettant dans la bouche de Dieu : « je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël et elles seront mon peuple. » Dans le mariage juif, en effet, les époux se disent l’un à l’autre : « Je serai ton mari et tu seras ma femme – je serai ta femme et tu seras mon mari ! »

 

Seigneur Jésus, la fidélité de l’amour de ton Père pour l’humanité est sans failles, éternel, imprescriptible ! Il nous aime sans jamais tenir compte de nos infidélités. Il nous aime pour nous donner la vie, et il la restaure autant de fois que nécessaire. Il suffit de le lui demander et de faire confiance en sa miséricorde. Aie pitié de moi, Seigneur, et donne-moi la joie d’être sauvé !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane