La folie de Dieu !

« Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux,
et que les Grecs recherchent une sagesse, nous,

nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour

les Juifs, folie pour les nations païennes »

1ère lettre aux Corinthiens 1,17-25.

 

Aujourd’hui comme hier, l’Evangile du Messie crucifié demeure un paradoxe bien difficile à proclamer. J’avais une fois interrogé l’archevêque d’Ho-Chi-Min Ville au Viêt-Nam, sur ce qui, dans la foi chrétienne, lui paraissait le plus difficile pour la culture vietnamienne. Il m’avait répondu : « la croix. Dans notre culture ancestrale, le bouddha est toujours souriant, apaisé, bien en chair… voir un homme supplicié sur une croix, c’est très difficile pour nous. »

 

Sa réponse m’a beaucoup éclairé et je me suis demandé si nous, les chrétiens, nous ne sommes pas trop « habitués » à regarder le crucifix, au point d’en perdre un peu le caractère fou et scandaleux ! Paul nous le rappelle avec force. Mais en réalité, ce n’est pas seulement la croix qui fait scandale, c’est tout l’Evangile, avec son appel à l’amour, au renoncement à soi-même, au refus de l’accumulation des richesses, à l’exigence du pardon, à l’amour des ennemis…

 

Paul, dans cette lettre, nous rappelle qu’il ne faut pas s’étonner si le monde ne nous aime pas ! Que ce soit les uns ou les autres, ils ont tous des raisons de refuser l’enseignement du Christ, si radical dans sa pureté, sa sainteté, son appel à la perfection. Le plus grave, cependant, n’est pas que d’autres refusent l’Evangile. Le plus grave, c’est lorsque les Chrétiens ne mettent pas en application l’enseignement de Jésus ! Le pape François nous le rappelle souvent : « Chrétien, qu’as-tu fait de l’Evangile et de la demande de Jésus : « Soyez saints, comme votre Père céleste est saint… Soyez miséricordieux, comme votre Père du Ciel… »

 

Seigneur Jésus, mets en nous tout le courage avec lequel tu as accepté d’être mis au mort au lieu de transiger sur la sainteté de ton message et de ta vie. Fais que nous ne soyons pas effrayés devant ceux qui peuvent tuer notre corps, nous ridiculiser ou nous rejeter, mais que nous ayons peur de faire ce qui est mal à tes yeux.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane