« Vraiment, vous n’avez pas de quoi être

 fiers : ne savez-vous pas qu’un peu de levain

suffit pour que fermente toute la pâte ?

Purifiez-vous donc des vieux ferments »

 1ère lettre aux Corinthiens 5,1-8.

Cette lettre de Paul répond à plusieurs questions pratiques touchant la vie de la communauté chrétienne qu’il avait fondée et qui, comme toute institution humaine, traverse des crises à répétition. Le chapitre cinq commence par un cas d’inconduite notoire de la part d’un homme vivant avec la femme de son père. La réponse de Paul met en lumière les objectifs multiples qui doivent régir les décisions à prendre.

Il y a d’abord le salut du coupable. Il ne peut pas passer par l’acceptation du mal commis, mais par une sanction qui manifeste que le péché n’est pas acceptable. Il faut savoir dire que le péché est néfaste. Car la guérison ne peut jamais s’obtenir en niant la maladie. En l’espèce, celui qui a brisé la communion fraternelle par son comportement doit être écarté.

Mais « écarté » ne veut pas dire « supprimé ». L’exclusion concerne le corps, mais pas l’esprit. C’est ce dernier qu’il faut sauver. Pour cette raison, la sanction comporte une dimension curative, salvifique. Elle a pour objectif aussi de guérir, de sauver. On peut penser à l’acte chirurgical, qui coupe pour sauver !

Il y a, parallèlement, le salut de la communauté. Lui aussi ne peut pas passer par l’acceptation du mal, car alors, ce mal gagne petit à petit tout le corps, comme un peu de levain fait lever toute la pâte : la brisure de la communion fraternelle n’atteint pas seulement le coupable, mais tous les membres. La sanction – je le répète, destinée à guérir sans détruire – est nécessaire pour la communauté également.

Seigneur Jésus, tu sais à quel point les êtres humains sont solidaires les uns des autres de sorte que le bien de l’un soulève toute la communauté, tandis que le mal commis atteint tout le monde. Montre-nous le chemin de la juste sanction qui dénonce le mal, protège la société et donne au coupable l’occasion de se reprendre et de vivre. Car tu ne veux jamais la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane