Le chrétien et la justice

« C’est déjà un échec pour vous d’avoir

des litiges entre vous. Pourquoi ne pas

plutôt supporter l’injustice ? Pourquoi

ne pas plutôt vous laisser dépouiller ?  »

1ère lettre aux Corinthiens 6,1-11.

Les gens de Corinthe ont échangé avec Paul sur les litiges qui les ont opposés les uns aux autres et comment ils sont allés devant les tribunaux civils. Paul réagit très vivement. Il se demande comment se fait-il qu’ils ne soient pas capables de régler leurs problèmes entre frères ?

Pour lui, avoir des conflits à l’intérieur de la communauté chrétienne est déjà un échec. Il a raison, même si, malheureusement, cela ne peut pas toujours être évité. Je puis être maître de moi-même, et c’est déjà difficile. Je peux être maître de mes enfants, et c’est là tout le défi d’une éducation véritable. Même si la maitrise ne veut pas dire autoritarisme ou non-respect de l’enfant. Mais je ne suis pas maitre des autres adultes ! Les conflits sont la marque du « péché originel », c’est-à-dire de l’imperfection inhérente à la société des hommes.

Face à l’injustice que l’autre fait contre nous, Paul se demande si vraiment il ne faut pas plutôt supporter l’injustice. Il va fort, me direz-vous, mais n’est-ce pas, précisément, ce qu’a fait le Christ Jésus ? Je regardais un film sur Don Bosco, il y a peu de temps. On y raconte l’épisode où Don Bosco, accusé injustement d’avoir médit de son évêque, subit de sa part une extrême sanction. Don Bosco en appelle à Rome, où le pape invite le prêtre à la soumission et à l’obéissance. Don Bosco accepte l’injustice et se soumet. La vérité éclate alors : son évêque apprend qu’il a injustement sanctionné son prêtre. La confusion est pour lui. Don Bosco lui a donné une leçon en creux, en se laissant plutôt dépouiller injustement que de se révolter.

 

C’est à cela que nous sommes appelés, Seigneur Jésus, en imitation de ta propre conduite à notre égard, toi qui t’es laissé dépouiller pour nous. A quoi servirait-il que je te contemple en faisant le chemin de croix, si dans le même temps je refuse de t’imiter ? Seul, bien sûr, je ne peux pas le faire, mais avec ton aide je le pourrai. Je te le demande, viens à mon secours de ma faiblesse et retiens-moi de la vengeance ou de l’accusation contre mon frère.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane