La souffrance n’est pas toujours expliquable

« Aux reproches de ses amis Job répondit :

« Je sais bien que vos paroles sont vraies.

Comment l’homme pourrait-il avoir raison

contre Dieu ? »

 

Job 9,1-12.14-16

Dans un dialogue très long, Job essaie de tenir tête à ses amis. Pour eux, Job est malheureux et malade à cause de ses péchés. Il devrait le reconnaître. Job, lui, ne reconnaît aucune faute qui mérite le sort qui est le sien. Mais il sait aussi qu’il ne peut pas avoir raison contre Dieu.

Job est au fond d’une impasse. Les malheurs qui se sont abattus sur lui sont sans nombre. Il a perdu tous ses biens, ses frères et sœurs et sa santé. Comble de tout, ses amis de toujours le culpabilisent à mort, déclarant qu’il n’a que ce qu’il mérite. Il ne peut pas avoir raison contre Dieu, disent-ils.

Il est des circonstances, dans la vie d’une personne, où tout devient noir, insupportable, profondément injuste, car les malheurs s’ajoutent les uns aux autres. Et il semble que Dieu ne réponde pas. Ne voit-il rien ? Existe-t-il vraiment ? La question est là, lancinante.

Il ne sert à rien alors, de raisonner celui qui est dans le malheur. Ni les hommes ne peuvent expliquer sa situation, ni Dieu ne semble prêt à s’expliquer. Rien. Que dire alors ? Peut-être seulement se souvenir de ce jour où Jésus s’écria, dans une souffrance indicible : « Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi. Pourtant, non pas ma volonté mais la tienne… » Et quelques heures plus tard : « Mon Dieu, mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel. Que ton oreille se fasse attentive à l’appel de ma prière ! Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ? Mais le pardon est près de toi, pour que demeure ta crainte.

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne