Ne pas retourner en arrière

« Comment pouvez-vous être aussi fous ?

Au commencement, vous comptiez sur

l’Esprit, allez-vous finir maintenant

en comptant sur la chair ? »

Galates 3,1-5

L’apostrophe de Paul est à la mesure de la colère qui est la sienne. Pour lui, les Galates sont en train de régresser. Ils s’étaient convertis du fond du cœur, c’est-à-dire qu’ils avaient ouvert leur cœur à la présence de l’Esprit du Christ. Un Esprit de liberté, de responsabilité, d’ouverture et de fraternité. Et voilà que sous l’influence d’autres gens, ils se refermaient, se laissant conduire, comme dit Paul, par la chair, c’est-à-dire par les choses terrestres, et même la Loi, ces vues mondaines qui créent des coteries, des divisions, qui méfient de ce qui est différents, des cultures des autres.

« La chair », ici, ça n’est pas le corps, mais l’esprit du monde, mesquin, méfiant, jaloux, étriqué… l’esprit qui calcule et met en importance ce qui ne l’est pas, l’apparence, les rites extérieurs… Nous ne sommes pas sauvés par nos actions, rappelle Paul, mais par la foi dans le Christ Jésus

Cette apostrophe de Paul nous concerne tous. Quand nous commençons, nous sommes toujours pleins d’espoir, d’idéal, nous promettons que les choses seront belles… et puis, on se laisse gagner par le traintrain quotidien, par les habitudes des autres, on a peur de se montrer différents, mus par l’idéal de l’Evangile. Et on redevient, tout doucement, comme tout le monde… La conversion s’est perdue dans la routine et le secret désir d’être comme les autres, dans une médiocrité qui ne gêne personne….

Seigneur, ravive en moi l’amour de ma jeunesse. Tu m’as créé plein d’idéal, de désir de sainteté. Tu m’as fait goûter à la grandeur de ton Esprit… et puis, tout doucement, je me suis laissé gagner par les habitudes de la chair, c’est-à-dire de l’esprit du monde. Renouvelle en moi le désir d’une vraie sainteté, celle que je ne puis atteindre par moi-même, mais par toi !

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne