La folle espérance de Job

« Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant

que, le dernier, il se lèvera de la poussière ;

et quand bien même on m’arracherait

la peau, de ma chair je verrai Dieu »

Job 19,1.23-27.

L’épreuve de Job fut terrible en tous points. Il a tout perdu, ses enfants, ses propriétés nombreuses, sa santé, et pourrait-on dire aussi ses amis et sa femme. Tandis que les uns le supplient de reconnaitre une culpabilité qu’il ne ressent pas, sa femme l’invite à maudire. Que lui reste-t-il ? Il est pris entre la foi qui l’anime et son désir de « traduire Dieu en justice » !

Et pourtant, sa foi prend le dessus souvent, d’une manière admirable. Nous en avons ici un écho dans cet acte de confiance tout à fait étonnant pour l’époque. Nous savons, en effet, que la foi dans la résurrection de la chair est née tardivement dans le peuple d’Israël, au 2ème siècle à peine avant Jésus-Christ. Après la crise maccabéenne et la mort de nombreux fidèles, une partie des Juifs ont compris que Dieu ne pouvait pas laisser dans la mort ceux qui avaient donné leur vie en fidélité à la Loi. Tous n’avaient pas adhéré, comme on le voit dans la rencontre entre Jésus et les Sadducéens (Mt 22,23-33).

Job rejoint d’autres textes plus anciens qui expriment cette confiance éperdue et, au fond, souligne qu’il y a en nous un désir d’éternité : décidément, nous ne sommes pas faits pour la mort. Ainsi le psaume 49, en particulier le verset 16. Ce que la foi dans la résurrection souligne, c’est que Dieu a mis dans notre cœur un vrai désir d’éternité.

Seigneur Jésus, créés à ton image, nous avons en nous un réel désir d’éternité et ta Résurrection nous en montre le chemin. Fais grandir en nous cette espérance. Non pour fuir notre monde ou nos épreuves, mais pour que tout soit transfiguré dans la confiance !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane