Cuis-moi d’abord un petit pain

« N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord, cuis-moi un petit pain et apporte-le moi, ensuite, tu feras du pain pour toi et pour ton fils. Car ainsi parle le Seigneur… »

 

1 Rois 17,13-14

 

Nous voici devant un épisode touchant de la vie du prophète Elie. Une sècheresse terrible est survenue dans le Royaume d’Israël, sur l’ordre de Dieu, en représailles, en quelque sorte, à cause des nombreux péchés du roi et du peuple d’Israël. Elie doit s’enfuir, et Dieu le protège partout où il se rend. C’est ainsi qu’il arrive, toujours sur l’ordre de Dieu, chez une veuve étrangère, dans le pays de Sidon (aujourd’hui au Liban).

 

Cette veuve explique au prophète qu’elle en est à l’extrémité de sa vie. Elle n’a plus rien à manger pour elle et son fils. Le prophète cependant l’invite à la confiance, car il sait que la protection dont il bénéficie de la part du Seigneur s’étendra aussi sur celle qui l’accueille. C’est sa générosité qui la sauvera de la mort. Cette femme annonce celle dont Jésus loue le cœur dans l’évangile de ce jour.

 

Et c’est bien ce qui arrive. Confiante dans la parole d’Elie, elle prépare tout ce qui lui reste et elle l’offre. Alors, « jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra… ». La générosité produit au centuple. Tu n’emporteras que ce que tu auras donné ! Nous avons là une double leçon : 1. Dieu n’abandonne jamais les siens et 2. La générosité est la véritable source du bonheur et la garantie de la protection de Dieu.

 

« Tout ce qui n’est pas donné et perdu ». « Tu n’emporteras que ce que tu as donné ! » Je viens de voir une émisson chrétienne protestante sur France 2. On y a découvert une petite école créée pour les enfants réfugiés syriens au Liban, ce fameux « pays de Tyr et Sidon où la veuve rencontrée par Elie vivait avec son fils. Le pasteur, dans son prêche disait : « il y a trois genres de personnes. Il y a les gangs qui disent : ‘tout ce qui est à toi est à nous’. Il y a les religieux qui disent : ‘tout ce qui est à moi et à moi, tout ce qui est à toi est à toi’. Il y a les disciples du Christ qui font que ‘tout ce qui est à moi est à toi’. Ils partagent, et Dieu multiplie leurs biens ».

 

Seigneur Jésus, tu as loué la veuve qui, dans le trésor du temple, avait offert tout ce qu’elle avait pour vivre. Rends mon cœur généreux comme le tien, retire de moi tout attachement à des biens qui sont faits pour le partage et non pour l’accumulation égoïste. Tu l’as dit toi-même : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20,35).

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne