être le frère de chacun, en Christ

« Moi, Paul, qui suis un vieil homme

j’ai quelque chose à te demander pour

 Onésime, mon enfant à qui, dans ma

prison, j’ai donné la vie du Christ »

Lettre à Philémon.

 

La lettre à Philémon, riche chrétien de la ville de Colosses, est le plus petit billet de Paul, mais il est étonnamment riche d’enseignement. Paul, dans sa prison, a converti un esclave de Philémon, Onésime, qui avait été en fuite et probablement rattrapé par la police romaine. Il souhaite maintenant le renvoyer chez son maître, non pas pour qu’il soit reçu comme un esclave, mais qu’il soit accueilli comme un frère en Christ.

 

Ainsi, Paul, sans se prononcer sur la légitimité juridique de l’esclavage de son temps, en pervertit totalement la légitimité au titre de la foi. Pour lui, un chrétien ne peut pas ne pas considérer l’esclave comme un frère, un frère dans le Christ. Selon Paul donc, les relations interpersonnelles sont totalement transformées pas la foi dans le Christ Jésus.

 

Paul ne songe même pas à imposer cela à Philémon. Il le prie, simplement, au titre de son ministère et de sa paternité dans la foi. Pour lui, les relations entre les hommes prennent un tour radicalement nouveau lorsqu’elles sont regardées à la lumière de l’Evangile. Il l’a écrit ailleurs a

vec la même force :  « il n’y a plus de distinctions : Juif et Grec, esclave et homme libre, homme et femme ; tous vous êtes devenus un dans le Christ Jésus. Et si vous êtes au Christ, vous êtes la descendance d’Abraham, les héritiers de la promesse (Galates 3,28-29).

 

A la vérité, ce n’est pas Paul qui a imaginé cela. Il l’a reçu du Christ Jésus. Dans son allégorie sur le jugement dernier (cf. Matthieu 25,31-46) le Seigneur nous fait comprendre que c

haque personne humaine est son frère ou sa sœur, affamé, assoiffé, nu, sans logis, étranger, malade ou prisonnier. Il n’est ici question ni de culture, ni de religion, ni de conviction philosophie, ni de considération morale…

 

Nous ne pouvons pas prétendre être frère ou sœur de Jésus sans que cela ne nous entraine à la fraternité universelle dans laquelle il nous attire. Universelle veut dire, concrètement, l’Onésime ou le Saul, la samaritaine ou la Marie-Madeleine que je croise aujourd’hui. Comment y pa

rvenir ? Seul le Chirst, par son Esprit, peut réaliser cela en moi.

 

Seigneur Jésus, pourrais-tu, d’une manière définitive, ôter de notre cœur et de notr

e esprit toute discrimination parmi les frères et sœurs que tu nous donnes, et nous apprendre à ne plus regarder personne, quelle que soit sa nationalité, sa culture ou sa religion, comme un frère et une sœur ? Apprends-nous à reconnaitre que pour l’un quelconque de tes disciples, le mot « étranger » est devenu un mot « étrange ».

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane