Il vit et il crut

« C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé en premier au tombeau. Il vit et il crut »

 

Jean 20, 8

 

Aujourd’hui, fête de Saint Jean, apôtre et évangéliste, celui dont l’Evangile dit : celui que Jésus aimait (Jean 13, 33). La scène que l’Eglise nous fait méditer est riche d’enseignements. A la nouvelle donnée par Marie-Madeleine, deux disciples courent vers le tombeau. Celui auquel Jésus avait accordé le charisme de faire l’unité de l’Eglise, Pierre, chargé de confirmer ses frères dans la foi (cf. Luc 22, 32), et Jean, auquel Jésus avait accordé le charisme de l’intériorité spirituelle, amoureuse de son Seigneur. Deux charismes essentiels à la vie de l’Eglise, qui ne sont pas donnés à tous. Chacun reçoit un charisme spécial, aucun ne les reçoit tous.

 

Jean est le plus jeune, il atteint le tombeau avant Pierre. Mais il est respectueux de l’autorité conférée à Pierre. Il ne se sent pas le droit d’entrer avant lui dans le tombeau. Bel exemple pour nous tous. Il y a, dans l’Eglise, ceux auxquels le Christ a conféré le charisme de l’autorité, ce sont le pape, les évêques et les prêtres. Peut-être ne sont-ils pas les plus mystiques, mais ce sont eux qui font l’unité. Que ferait l’Eglise sans le pape ? Et le diocèse, pendant des années, sans un évêque ? Et une paroisse sans prêtre ? Jean rappelle à tous que ce charisme se respecte, car ceux qui ne le feraient pas attenteraient à l’unité et à la force de l’Eglise ou du diocèse.

 

Pierre a reçu l’autorité. Il entre le premier. Mais il n’est pas le plus mystique. Il perçoit moins vite que l’autre la réalité étonnante de la Résurrection du Christ. Car il faut que la vue soit illuminée par la confiance amoureuse pour que le tombeau vide ne soit pas seulement un signe vide. Le plus jeune va aider le plus âgé à faire le pas du regard intérieur et de la foi. Pierre est un exemple pour les pasteurs, pape, évêques ou prêtres. Ils ont un charisme important, mais que peuvent-ils faire sans les autres, sans ceux dont le charisme d’amour, parfois, est plus fort que le leur ? Ils doivent discerner ce qui vient de l’Esprit d’amour chez leurs frères et sœurs, sans jalousie, sans dépit.

 

Seigneur Jésus, merci pour l’exemple complémentaire donné par les apôtres Pierre et Jean. A nous, pasteurs, tu as confié de conduire ton peuple. Mais tu dispenses tes dons et tes charismes librement chez tous, et tu nous invites, tu m’invites, humblement, à reconnaitre avec joie ceux qui dans l’Eglise, à l’exemple de Jean, vivent plus intensément de ton amour et de ton Esprit Saint. Donne-moi de les reconnaitre, de les accueillir et de recevoir d’eux ce que tu veux, grâce à eux, accorder à ton Eglise et à moi-même.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne