Nul n’est prophète dans son pays

« ‘…Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc dans ton lieu d’origine.’  Puis il ajouta : ‘Amen, je vous le dis, aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.’ »

Luc 4,21-30.

 

La lecture de ce dimanche continue le récit de l’événement dont nous avons lu la première partie dimanche dernier. Dans l’Evangile selon saint Luc, en effet, l’auteur rassemble au début du ministère public de Jésus comme un résumé de tout l’Evangile. Il nous présente l’identité de Jésus – celui qui a reçu l’Onction – ; il nous décrit sa mission : « annoncer la bonne nouvelle aux pauvres » ; il nous indique le succès mitigé de Jésus : les uns rendent grâce à Dieu, les autres sont jaloux de sa notoriété. D’autres enfin, veulent le tuer. Mais le moment n’est pas encore venu.

 

Ainsi, cet épisode se présente, dans Luc, comme l’ouverture d’un opéra, qui en donne toutes les dimensions et toutes les harmoniques dès le début précisément. Ce qui est en jeu, dans la part de récit que nous venons de lire, c’est qu’il dévoile l’ampleur de la mission de Jésus : elle est pour tous, mais d’abord pour ceux qui sont loin, pour ces « périphéries » dont parle si souvent le pape François. Pour les pauvres, l’Evangile est d’abord une bonne nouvelle ; pour les riches, pour la famille de Jésus, pour les gens de son village, pour nous aujourd’hui, l’Evangile est un défi et un appel à ouvrir notre cœur aussi large que celui du Christ

 

Les gens de Nazareth pensaient peut-être qu’ils avaient des privilèges, puisque Jésus était des leurs. Ils pensaient devoir être les premiers – sinon les seuls – à bénéficier de sa puissance. Eh bien non ! Ils ne pourraient bénéficier de la grâce de Jésus qu’en se mettant à sa suite, et en ayant, comme lui, le monde entier dans leur cœur.

 

Te connaitre, Jésus, n’est pas un privilège, mais plutôt une grâce et un défi. Toi qui es venu pour tous, mais d’abord pour sauver ce qui était perdu, tu nous appelles à te suivre sur ce chemin de guérison du monde ! Et tu l’as accompli en donnant ta propre vie, tu nous invites à en faire autant. Puissions-nous mettre à l’œuvre la puissance d’amour et de don que ton Esprit donne à notre cœur !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane