Un prophète n’est méprisé que dans son pays

« Qu’elle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? »

 

Marc 6, 1-6

 

Ce qui me frappe, tout d’abord, c’est que les auditeurs de Jésus ne mettent pas en doute sa sagesse, ni son pouvoir de faire des miracles ! Ils ne peuvent pas nier cela, tellement c’est évident. Oui, ils reconnaissent cette sagesse qui lui a été donné et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains…

 

Alors, pourquoi sont-ils choqués ? C’est simple : ils le connaissent et n’acceptent pas que Jésus les dépasse ! En même temps, ils savent que croire en Jésus comporte un changement de comportement, de vie, une conversion. Car sa parole ne laisse pas indifférents ceux qui l’écoutent. Soit ils la mettent en pratique, soit ils s’en défendent et s’enfuient loin de Jésus. Sa parole est forte : elle invite immédiatement les auditeurs à se tourner vers lui pour le suivre, ou au contraire à nier cette puissance, ou bien encore – pire ! – à l’attribuer à Satan !

 

En parlant de sa famille, ils cherchent enfin à le maintenir sous leur emprise. La suite de l’histoire de l’Eglise n’a jamais compris par ces lignes que la Vierge Marie aurait eu d’autres enfants. Aucun des détracteurs des chrétiens – et ils furent nombreux – n’ont osé utiliser cette ficèle. Si cela avait été vrai, nous pouvons être sûrs que cela aurait été mis en avant pour déstabiliser les croyants. Mais cela n’arriva pas. C’est autrement qu’il nous faut parler de la « fratrie de Jésus ». Si un certain mystère demeure quant au sens exact de ces mots « frère, sœur, dans ce contexte, le silence des siècles suffit à nous éclairer.

 

D’ailleurs, la mère de Jacques et de José est citée parmi les femmes qui se tiennent au loin, au Golgotha : « il y avait aussi des femmes qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres… qui étaient montées avec lui à Jérusalem » (Marc 14,40-41). On remarquera que ni Jean ni Marie, la mère de Jésus qui eux, selon saint Jean, étaient au pied de la croix (cf. Jean 19,25-27) ne sont nommés. Tandis qu’est aussi nommée Marie, femme de Cléophas, « sœur de sa mère ». N’est-ce pas elle la mère de Jacques le petit et de José ?

 

Seigneur garde moi de jamais tenter de te désobéir en prétendant que ce que tu fais ne vient pas de Dieu. Ou bien en faisant comme si cette parole n’est pas de toi, ou encore qu’elle ne soit pas pour moi. Car je le sais, tu es la Sagesse éternelle de Dieu !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne