Je vous les gens, ils sont comme des arbres

« Jésus lui demandait : ‘Aperçois-tu quelque chose ?’ Levant les yeux, l’homme disait : ‘J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher’ »

Marc 8,22-26.

 

La guérison de l’aveugle dans ce chapitre 8 de l’Evangile selon saint Marc sera suivie d’une autre guérison, à Jéricho, au chapitre 10,46-52. Ces deux épisodes se répondent. La première guérison est difficile : Jésus doit s’y reprendre à deux fois, car après son premier geste, l’homme aperçoit les gens, mais c’est comme si c’était des arbres. La vision n’est pas claire. La seconde guérison, à Jéricho, sera beaucoup plus nette et directe.

 

Marc ne construit pas son Evangile au hasard. Entre les deux guérisons d’aveugles, nous avons toute une section où Jésus passe presque tout son temps à la formation de ses disciples. Une formation lente, progressive, difficile, car les disciples ne comprennent pas tout de suite. Ils ne sont pas d’emblée dans la logique du Royaume : offrir sa vie, porter sa croix (9,15), chasser les démons par la prière (9,28-29), se faire le serviteur de tous, (9,35)…Jésus ouvre les yeux de ses disciples patiemment, et parfois péniblement.

 

Alors la guérison des deux aveugles devient une parabole sur la lente maturation des disciples entre la sagesse de ce monde et la sagesse selon Dieu, comme Jésus nous la présente. C’est le travail de toute une vie, d’une contemplation permanente du Seigneur ; d’une écoute constante de sa parole, d’une méditation incessante sur ses gestes…

 

Seigneur Jésus, je te rends grâce pour ton immense patience à mon égard et je te demande humblement, ne cesse pas de me frotter les yeux !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane