Tu es le Christ – il leur défendit de parler de lui.

« Pierre, prenant la parole lui dit : ‘Tu es le Christ.’ Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, et que, trois jours après, il ressuscite. »

Marc 8,27-33.

 

L’épisode que l’Eglise propose à notre méditation aujourd’hui constitue un tournant dans l’Evangile à plusieurs reprises. D’abord, Pierre affirme avec conviction que Jésus est le Messie de Dieu. Christ en effet traduit en grec le mot hébreu Mashi’ah (Messie). Les deux mots, grec et hébreu, sont traduits en français par « celui qui a reçu l’onction, l’Oint. Pour la première fois dans cet Evangile, un être humain reconnait qui est Jésus comme le titre de l’Evangile l’annonçait : « Bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Marc 1,1).

 

Mais aussitôt, Jésus impose le silence, comme il l’avait fait auprès des démons et aux malades guéris depuis le début (cf. Marc 1,25.34.44 passim). Cet ordre étrange reçoit ici sa raison d’être : a moins de comprendre le sens de la mort de Jésus (« il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup… »), on ne peut pas annoncer le Christ en vérité. Et précisément, les disciples n’en sont pas encore là, nous allons le voir bientôt.

 

Saint Pierre Damien, cardinal et docteur de l’Eglise au XIe siècle, affirmait avec justesse que : « Celui qui n’aime pas la croix du Christ n’aime pas le Christ », (Sermo, XVIII 11, p. 117) et il se qualifie comme : « Petrus crucis Christi servorum famulus – Pierre serviteur des serviteurs de la croix du Christ » (Ep 9, 1). La manière dont Jésus nous sauve est incompréhensible sinon devant la croix qui manifeste l’extrême de l’amour, par celui qui a pris sur lui le péché du monde (cf. 1 Pierre 2,24).

 

Seigneur Jésus, donne-moi un amour plus grand de ta Croix. Que je ne cesse de te contempler, de t’adorer et de vouloir recevoir de toi les croix qui me purifieront de mes péchés et me rendront participant de la victoire que tu as acquise, pour nous tous, sur le bois de ta Croix.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane