Chacun sera salé par le feu

« Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas »

Marc 9,41-50.

 

Les mots de l’Evangile aujourd’hui sont d’une force étonnante par la dureté des images. Ils nous indiquent à quel point est sévère le combat spirituel qui est le nôtre, personnellement. En le méditant sans me laisser dérouter par la puissance des images ni le sentiment d’une exagération qu’il faudrait trop vite écartée, j’entends deux choses.

 

Tout d’abord ce que je fais a toujours une portée sociale. Je ne peux pas croire être isolé des autres et ne pas me préoccuper de ce que j’apporte, de bon ou de mauvais, à la société qui m’entoure. Donner un verre d’eau est quelque chose de grand. C’est cela, « être du sel » ! A l’inverse, le scandale fait à l’autre par mon péché est toujours là. Nous le voyons d’ailleurs aujourd’hui par les révélations touchant la pédophilie dans l’Eglise de Dieu. Nous en sommes tous éclaboussés. Jésus indique qu’il faudrait mieux que celui qui commet le scandale soit jeté à la mer !

 

La deuxième regarde le mal que je me fais à moi-même pour l’éternité que de faire le mal  aujourd’hui. Il est si grand, si irréversible, que je n’ai pas le choix. Dans ce combat spirituel qui m’abîme pour toujours, la mutilation présente, le sacrifice quotidien de rejet du mal est peu de chose ! il vaut mieux être manchot, estropié ou borgne ici bas maintenant.

 

Seigneur Jésus, tu ne le sais que trop, je suis si inconscient du mal que je fais aux autres et que je me fais en désobéissant à ta loi, en acceptant la chute que me propose ma main, mon pied, mon œil, ma langue… Fais grandir en moi l’horreur du péché et l’ardeur à le combattre en moi d’abord. Pardon, Seigneur, prends pitié de moi.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane