Il y a ici bien plus que Jonas

« Les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas »

 

Luc 11, 29-32.

 

Le livre du prophète Jonas nous offre un triple enseignement. Tout d’abord, il n’est pas bon que l’être humain tourne le dos à la mission que Dieu lui confie. Cela ne peut que lui porter malheur (voir les chapitres 1 et 2 du livre de Jonas). Ensuite, tous les êtres humains sont capables de reconnaitre la vérité, et de se détourner de l’erreur et du mensonge pour vivre selon cette vérité (chapitre 3). Enfin, l’être humain ne devrait jamais être jaloux de la miséricorde de Dieu (chapitre 4).

 

Jésus utilise deux de ces enseignements pour manifester le caractère prophétique et divin de sa mission : de même que Dieu a protégé Jonas dans le ventre du poisson il sauvera Jésus de la mort après trois jours. L’histoire de Jonas devient un signe prophétique de la résurrection du Christ (cf. Matthieu 12, 39). De même que Jonas, par sa prédication, a permis la conversion des gens de Ninive, de même, les païens et les pécheurs se convertissent grâce à Jésus, Les Juifs devraient y voir un signe prophétique que Jésus vient de Dieu au lieu d’être jaloux.

 

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus se réfère à ce deuxième signe. Il s’étonne en effet, que les Juifs refusent de l’écouter, eux qui sont ses frères, alors que des non-Juifs et des pécheurs sont capables de lui offrir leur confiance.

 

Les disciples du Christ ne doivent donc pas s’étonner si l’annonce du Christ n’est pas reçue par tous. C’est son destin depuis le début de son ministère public. Et nous-mêmes aujourd’hui, nous sommes appelés par Dieu à écouter plus attentivement l’appel à la conversion, sinon, nous serons jugés plus sévèrement que les gens de Ninive ou la Reine de Saba, et plus sévèrement, par exemple, que tous les pauvres et les étrangers qui écoutent l’Evangile lorsque le pape et les missionnaires vont vers eux.

 

Aujourd’hui, Seigneur, en 2016, tu appelles l’humanité tout entière à se tourner vers toi, à reconnaitre que tu es Dieu, à renoncer à l’injustice faite aux millions d’affamés sur la terre, à cesser de jouer avec notre corps et celui des autres, à combler l’inégalité de répartition des biens de la terre à cesser la destruction de la nature et à refuser de recourir aux armes pour régler les conflits entre nous. Puisse ton appel trouver son chemin dans nos cœurs avant qu’il ne soit trop tard.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne