Que votre justice soit miséricorde

« Je vous le déclare : si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »

 

Matthieu 5, 20-26.

 

Dans l’Evangile, les scribes et les pharisiens sont constamment en confrontation avec Jésus, qui ne les épargne pas beaucoup. C’est comme si son message d’amour et de tolérance s’arrêtait à la porte de ces deux catégories de personnes. On dirait qu’il aime tout le monde, sauf eux ! L’opposition entre eux et lui est si violente qu’elle ne laisse pas d’étonner, et que certains, avec bien des raisons, pensent que cette opposition est sans doute présentée avec une acuité qui renvoie moins à l’époque de Jésus qu’à celle de la rédaction des évangiles, 40 à 60 ans plus tard.

 

Dans les années 80, en effet, c’est-à-dire cinquante ans après la mort de Jésus et dans la dizaine d’années qui ont suivi la ruine du Temple de Jérusalem (70 après Jésus-Christ) s’opère une rupture définitive entre les disciples du Christ et les responsables du peuple juif, notamment et précisément, les scribes, les « maîtres de la loi » et les pharisiens. Ces groupes appartiennent aux seuls mouvements qui ont survécu à la tourmente de la reconquête de la Palestine par les Romains. Les Sadducéens et les Esséniens, eux, ont été pratiquement éliminés.

 

La suite du discours de Jésus montre ce que la justice chrétienne doit chérir : c’est la miséricorde et le pardon, qui vont au-delà de la rétribution sèche des actes commis. Le Christ va jusqu’à dire qu’il est inutile de prier Dieu si l’on n’a pas d’abord fait tout ce qui est en son pouvoir pour se réconcilier avec son frère.

 

Seigneur Jésus, toi qui as dit, sur la croix : ‘Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’, apprends-moi à ne pas garder, dans mon cœur, de la rancune ou de l’amertume contre les miens.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne