« Il y avait un homme riche qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des repas somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche, mais c’était plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies »

 

Luc 16, 19-31.

 

Le chapitre 16 de l’Evangile selon saint Luc est totalement dédié à la richesse et à l’utilisation des biens matériels et financiers. Il y a, chez Luc, une préoccupation réelle de la gestion économique chez les fidèles de Jésus, beaucoup plus importante que dans les autres Évangiles. Cela renvoie probablement au fait que c’était une question dans les communautés de culture grecque et urbaine auxquelles s’adressait l’auteur. Dans ces villes, l’écart entre pauvres et riches devait être un scandale auquel les disciples de Jésus étaient confrontés.

 

Dès le début de son Évangile, Luc montre que la rupture entre pauvres et riches déplait à Dieu. Il a offert les biens de la terre pour que tous en bénéficient, et il ne supporte pas que ces biens soient accaparés par une minorité. Aujourd’hui même, Comment expliquez-vous que dans le monde les 1 % les plus riches ont accaparé 45,6 % des richesses produites en 2015 et que le nombre de milliardaires sont passé, en France, de 14 à 40 entre 2008 et 2015 ?

 

L’image de Jésus a été décrite il y a 2000 ans. Elle décrit une analyse toute simple : cet écart est inacceptable et Dieu rendra justice aux pauvres quand il viendra : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour » (Luc, 1,51-54). Du Magnificat de Marie aux Béatitudes (Luc 6,20.24) Jésus dénonce cette inégalité criminelle.

 

Ainsi, pour Jésus, la seule manière pour un chrétien d’être juste consiste à partager largement les biens dont il dispose. Être riche n’est pas un mal en soi, mais ne pas être généreux, comme le converti Zachée (Luc 19,8) ou Barnabé (Actes 4,36-37) est incompréhensible et sera sanctionné.

 

Seigneur, pardonne-moi de m’habituer trop bien à côtoyer des pauvres, partout, jusqu’à Cayenne même, sans me soucier vraiment des conditions inhumaines qui sont les leurs.

Ouvre ma main pour donner avec joie.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne