« Les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris que Jésus parlait d’eux. Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète. »

Matthieu 21,33-43.45-46.

 

La parabole que nous méditons aujourd’hui se situe dans un contexte extrêmement polémique entre Jésus, les grands-prêtres et des responsables du mouvement des pharisiens. Elles expriment que ceux qui vont accomplir le meurtre de Jésus ne pourront plus se trouver en responsabilité du peuple. Dieu le confiera à d’autres, comme le maître de la vigne avait été contraint de le faire.

 

Le récit inventé par Jésus est plus qu’une parabole, c’est une allégorie, en ce sens qu’elle représente, en images, l’histoire du peuple juif (la vigne), de ses chefs (les rois et les prêtres, représentés par les ouvriers), des prophètes – ceux qu’envoie le maitre de la vigne pour récupérer la vendange – et enfin de Jésus – le Fils.

 

Trop souvent et trop longtemps, nous avons lu ce récit comme celui d’une substitution, pensant que le peuple juif avait été rejeté par Dieu pour avoir fait mourir Jésus, et qu’il était désormais remplacé par l’Eglise. Cette interprétation a été comprise comme une « théologie de substitution » d’un peuple par un autre. Mais ce n’est pas ce que dit l’allégorie de Jésus. Si on peut parler de substitution, cela ne concerne pas les peuples, mais les responsables du peuple. Le maître ne change pas de vigne, mais de vignerons.

 

Aujourd’hui, l’Eglise catholique a fait des pas très importants en direction du peuple juif. Elle reconnait avec saint Paul (cf. la lettre aux Romains, chapitres 9, 10 et 11), que les promesses de Dieu ne tombent jamais, que le peuple juif est toujours le peuple élu, et que l’Eglise n’est autre qu’un greffon sauvage sur l’olivier qu’est le peuple juif (cf. Romains 11,17-24). En ce sens, le saint pape Jean-Paul II a parlé des juifs comme de « nos frères ainés », reprenant la formule du pape Pie XI : « nous sommes spirituellement des juifs ».

 

La vigne, c’est donc le peuple de Dieu. Mais c’est aussi chacun de nous. Chacun est la « vigne du Seigneur » et en même temps le « vigneron du Seigneur ». Il est de notre devoir de produire de bons fruits avec les talents que Dieu nous a donnés et de les lui offrir au lieu de vouloir les garder pour nous !

 

Seigneur Jésus, je te bénis pour le travail de purification doctrinale opéré par notre Eglise Catholique et je te prie pour mes frères et sœurs juifs. Donne-moi de les respecter et de les aimer, et donne-moi aussi de t’offrir les fruits des talents que ton Père a déposés dans mon cœur.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane