Son nom est Jean

« Et l’on demandait par signes au père 

comment il voulait qu’on l’appelât.

Celui-ci se fit donner une tablette sur

laquelle il écrivit : ‘Son nom est Jean’. »

Luc 1, 57,66-80

 

Le moment de l’imposition du nom est toujours important, même si le rite est différent selon les cultures. Aujourd’hui, l’Evangile nous reporte à la naissance du précurseur de Jésus. Or il se trouve que l’imposition du nom au nouveau-né fait problème ! Le débat manifeste un conflit entre la culture familiale et le projet de Dieu sur l’enfant. Car le nom de Jean ne vient ni d’Elisabeth ni de Zacharie. Il vient de Dieu, car il a été imposé par l’ange Gabriel au moment de son apparition à Zacharie, dans le temple de Jérusalem : « ta femme Élisabeth t’enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jean » (Luc 1, 13).

 

On comprend que la crainte saisit alors les gens du voisinage. Grâce au miracle qui permet à Zacharie de parler de nouveau, tous comprennent que Dieu est en train d’intervenir. Tous ces signes convergent vers le fait que la vie, la mission et le destin du nouveau-né sont entre les mains de Dieu qui fait sentir sa présence et sa volonté. Le nom lui-même est un symbole : Jean, Yohanân, Dieu fait grâce.

 

Ainsi, la mission de l’enfant sera d’annoncer la grâce de Dieu, ou encore, selon les mots de Jésus : « Une année de grâce de la part du Seigneur (cf. Luc 4, 19). La mission, inscrite dans le nom, bouscule la culture et l’habitude. Dès le début de sa vie, Jean révèle un Dieu étonnant, maître de tout, et qui ne cesse d’accomplir du nouveau. Seules les personnes capables d’accueillir la nouveauté de Dieu et ne de pas s’accrocher à ce qu’elles ont toujours connu peuvent entrer dans le projet de Dieu.

 

Seigneur Jésus, te connaître, c’est reconnaître que tout notre être a été façonné dans la volonté du Père avant même notre naissance. C’est reconnaître aussi que la beauté de la culture dans laquelle tu as permis que je naisse ne soit pas un carcan, mais l’arc qui permet à la flèche d’aller aussi loin que tu veux l’envoyer. Donne-moi, donne-nous de rester toujours souples dans la main de l’Archer !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne