Toi, suis-moi

« Un autre de ses disciples lui dit : ‘Seigneur, permets moi d’aller d’abord enterrer mon père’. Jésus lui dit : ‘Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. »

 

Matthieu 8,21-22

 

Il arrive que les paroles de Jésus paraissent tout à fait provoquantes. Elles le sont, inutile de nous le cacher. C’est qu’avec lui, le choix doit être radical. On ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre.

 

Est-ce à dire que Jésus mépriserait le deuil et l’affection blessée devant la mort du père ? Je ne le pense pas. Mais il estime que, dans certaines circonstances, le comportement normal en famille peut passer au second plan. C’est le cas quand la patrie est en danger. Nul ne peut refuser de participer à la défense sous le motif qu’il a une famille. Et il en est allé ainsi, par moment, avec Jésus. Le choix comprenait nécessairement de sacrifier, en quelque sorte, la vie de famille ou sa sécurité.

 

Un des exemples les plus récents nous vient d’un homme béatifié par Benoît XVI. Franz Jägerstäter était un citoyen autrichien, homme de la campagne, marié et père de famille. Mais au titre de sa foi, il a refusé d’être enrôlé dans l’armée nazie. Beaucoup – et même l’évêque – ont voulu le dissuader d’aller au bout de son refus, pour préserver sa vie de famille. Mais il demeura ferme sur son refus : « De même qu’un homme qui ne pense qu’à ce monde fait tout son possible pour rendre la vie ici-bas meilleure et plus facile, de même nous qui croyons au Royaume éternel, nous devons tout risquer pour recevoir la grande récompense de ce Royaume. Il fut finalement décapité par les Nazis le 9 août 1943.

 

Grâce à Dieu ces circonstances sont exceptionnelles ; habituellement, honorer ses parents demeure un commandement vénéré par Jésus. Lui-même est allé au deuil de son ami Lazare, et il l’a ressuscité.

 

Il arrive que tes paroles soient dures à nos oreilles, Seigneur Jésus, et tu le sais. Permets qu’en te regardant, et en méditant la vie de tes saints, nous puissions en goûter le miel intérieur.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne