Cent fois plus !

« Quant à ceux qui laissent leur maison, leurs frères et sœurs, leur père et leur mère et même leurs enfants avec leurs champs à cause de mon nom, ils recevront cent fois plus, et ils auront aussi la vie éternelle. »

Matthieu 19,27-29.

 

L’Eglise célèbre aujourd’hui saint Benoît, fondateur du monachisme occidental, père des bénédictins. Il a vécu entre le 5ème et le 6ème siècle, en Italie, et de sa fondation sont issus plus de 40 000 monastères d’hommes et de femmes, retirés du monde pour vivre une vie de prière, de travail et de charité fraternelle. Ils ont laissé leur maison, leurs frères et sœurs, leur père et mère et même parfois leurs enfants et leurs champs à cause de Jésus.

 

Ils ont reçu 100 fois plus, déjà ici sur terre. Ma sœur aînée est bénédictine. Elle fêtera en octobre ses 93 ans. Sa joie et sa sérénité sont remarquables. Mon cousin germain est bénédictin, et lui vient de fêter ses 90 ans. Tous les deux sont pour moi des modèles de paix, d’amour et de joie profonde. Depuis que je suis en Guyane, j’ai tout fait pour qu’un monastère de contemplatifs s’établisse en Guyane, mais je n’ai pas encore réussi. Quand Dieu voudra.

 

La parole de Jésus se vérifie depuis deux mille ans. Celui qui accepte de tout donner pour lui, reçoit de lui cent fois plus. Se donner à Jésus, c’est jouer à qui perd gagne ! Jésus n’appelle pas tout le monde à ce genre de vie, mais il nous appelle tous à une vraie générosité. Elle ouvre le cœur et dilate l’amour. Comme je suis malheureux de voir tant de mes frères et sœurs préférer des plaisirs futiles, qui s’envolent comme la fumée, au lieu de s’attacher au vrai bien : l’amour du Christ, le don de soi, l’expérience profonde de celui qui sait « qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes des Apôtres 20,35).

 

Seigneur, tu m’as séduit et je me suis laissé séduire, et chaque jour je te remercie de m’avoir appelé à te servir et à servir la joie de l’Evangile. Nu je suis sorti du sein maternel, nu mon corps retournera à la terre, mais la richesse de ton amour et de l’amour vécu en Eglise sont plus de mille fois désirables et délicieux. Garde-moi toujours dans cette joie. Elle vaut tellement plus que l’or !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane