Les païens font mieux !

« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez  vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que les gens y auraient pris le vêtement de deuil et la cendre en signe de pénitence. »

 

Matthieu 11,20-24

 

La plainte de Jésus nous touche profondément, car elle exprime sa souffrance devant l’inconsistance de son peuple. Corazine et Bethsaïde sont deux petits villages situés au nord du lac de Galilée, à quelques kilomètres au nord de Capharnaüm, là où le Seigneur avait établi son quartier général, dans la maison de saint Pierre. Trois apôtres, André, Pierre et Philippe, étaient originaires de Bethsaïde (cf. Jean 1, 44).

 

Jésus avait accompli des miracles dans ces deux villes. Sans aucun doute en raison de la foi des gens. Et pourtant, cette foi n’était pas suffisante aux yeux du Seigneur : les gens avaient suffisamment de confiance pour demander des guérisons et des exorcismes, mais pas suffisamment pour changer leur manière de vivre et la mettre en conformité avec l’enseignement du Christ. Cela nous ressemble tellement : nous croyons au Christ pour qu’il nous guérisse et nous protège, mais nous voulons garder notre manière d’être, sans que l’Evangile ne vienne nous déranger.

 

Jésus nous prévient : les païens font mieux ! Eux, qui ne connaissaient pas le Père de Jésus, ils sont plus obéissants à la parole du Christ lorsqu’elle frappe à leur porte ! Jésus sait que les gens de Tyr et de Sidon, finalement, sont plus prêts à se convertir que son propre peuple.

 

Seigneur Jésus, tu nous donnes une véritable leçon. Pourquoi te recherchons-nous ? Pourquoi venons-nous si souvent à la messe ? Pour nous assurer ta protection, ou pour purifier notre vie selon ton enseignement ? Mets dans mon cœur un véritable désir de ne plus me conformer à la sagesse de ce monde et de ne désirer qu’une chose : mettre tes paroles, toutes tes paroles, en pratique.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne