S’il t’écoute, tu as gagné ton frère

« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as  gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi deux ou trois personnes afin que toute l’affaire soit réglée  »

Matthieu 18,15-20.

 

L’Evangile de ce jour nous invite à la « correction fraternelle ». C’est un exercice délicat autant que nécessaire. Nécessaire pour les deux. Il est nécessaire pour celui qui est offensé, car le processus de réconciliation requiert la paix intérieure, et celle-ci ne peut se vivre que dans la vérité des rapports. De plus, l’offensé ne saurait recevoir le pardon de Dieu s’il ne donne pas le sien à celui qui l’a offensé.

 

Il est nécessaire aussi pour celui qui a commis le péché. Il ne s’est pas forcément rendu compte qu’il a fait du mal. Il peut croire, si on ne lui dit rien, que ce qu’il a fait est sans conséquence, voire normal. Il a besoin d’un regard extérieur afin de comprendre l’implication totale de ses actes.

 

La « correction fraternelle ne doit pas seulement être une correction, elle doit être « fraternelle ». Elle doit procéder de l’amour et non de la colère, de l’estime et non du mépris. Dans le cas contraire, elle manque son but et aggrave le conflit. Le pape François dit : « Si tu dois corriger un petit défaut chez l’autre, pense tout d’abord que tu en as personnellement de tellement plu gros… Si tu n’es pas capable d’exercer la correction fraternelle avec amour, avec charité, dans la vérité et avec humilité, tu risques d’offense, de détruire le cœur de cette personne, tu ne feras qu’ajouter un commérage qui blesse et tu deviendras un aveugle hypocrite… »

 

Seigneur, écarte de moi toute colère et tout mépris. Apprends-moi à vouloir, avec tendresse, aider mes frères et sœurs à recoudre « le petit trou, là, dans le tissu de leur cœur… » Comme toi, tu sais si bien le faire avec moi. Garde-moi toujours dans l’humilité et la paix.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane