enlève d’abord la poutre qui est dans ton oeil

« Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le

tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil ; alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère »

 

Luc 6, 39-42.

 

L’enseignement que le Seigneur nous donne aujourd’hui nous aide à bien situer en perspective celui qu’il nous donne à propos de la correction fraternelle, c’est-à-dire à prévenir le prochain lorsqu’il commet une faute, non pas pour le juger ni pour l’humilier, mais pour le « gagner », pour les sauver.

 

Il nous rappelle aujourd’hui que ce doit toujours être une œuvre d’amour, jamais de jugement. Que celui qui se prépare à corriger son frère ou sa sœur se souvienne toujours de ce qu’il est, et qu’il se souvienne surtout que le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Et si le maître est si miséricordieux, comment le serviteur se permettrait-il de ne pas l’être ?

 

Ce qui caractérise Dieu, c’est la miséricorde. « Dieu, riche en miséricorde », dit la lettre aux Ephésiens (2, 4). Ce qui doit absolument caractériser le chrétien, le prêtre et l’évêque, c’est la miséricorde. Elle ne change pas le mal en bien, elle regarde toujours la personne, sa dignité d’enfant de Dieu, et la sainteté à laquelle elle est promise.

 

Ce qui caractérise Dieu, c’est l’humilité. Il suffit de regarder Jésus. Lui qui est sans péché, il s’est fait péché pour nous. Il nous invite à la même humilité, nous qui ne sommes pas sans péché. Aussi l’image de la paille et de la poutre est particulièrement éloquente. À chacun, à moi en premier, de renoncer au mal, d’extirper le mal de ma vie, avant de vouloir étrangler l’autre comme si j’étais ton juge !

 

Tu as tellement aimé le monde, Père très bon, que tu as envoyé ton propre fils non pas pour que le monde soit condamnée, mais pour qu’il soit sauvé par lui. Apprends-nous, apprends-moi la miséricorde ! Fais-moi toujours me souvenir de la manière dont tu agis envers moi, pour que je sois, un reflet de ta bonté auprès de mes frères. Et je te prie particulièrement aujourd’hui pour ceux auxquels j’ai du mal à pardonner, et pour ceux qui ont du mal à me pardonner… fais-nous revenir, Dieu notre Sauveur !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne