« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple »

Luc 14,25-33.

 

L’appel de Jésus est décisif. Il est sans prix, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être l’objet d’un marchandage : Je te donne ceci, mais tu me donnes cela, je te donne ceci, mais je garde cela… Ce que nous en recevrons sera ce que Dieu aura décidé, mais non ce que nous aurons choisi. A vrai dire, nous ne choisissons pas, nous avons été choisis.

 

L’appel de Jésus est total. Car Dieu veut la première place. Il ne peut en prendre aucune autre. Il n’est à côté de personne. Il emplit tout, il est tout. Le reste peut être là, mais n’est ni ajouté ni retranché de Dieu. Le reste ne peut être qu’en lui, et par lui, et pour lui. Il ne fait pas nombre avec le reste. Tout le reste est en lui.

 

L’appel de Jésus est un appel à suivre son chemin, à marcher à sa suite. Ni devant, ni à côté sur un chemin parallèle, mais à sa suite. Tu ne lui a rien donné tant que tu ne lui as pas tout donné.

 

Cela ne veut pas dire qu’il faut couper délibérément tous les liens d’affection humaine que nous tissons dès la naissance. Mais cela veut dire qu’il est de situations dans lesquelles un choix doit être fait. A certaines heures, préférer quelqu’un d’autre à Dieu revient à refuser d’être son disciple. Certes, cela n’arrive pas tout le temps, mais cela peut arriver. Je pense à cet agriculteur autrichien, le Bienheureux Franz Jägerstätter. Il avait conclu, en conscience, qu’il ne pourrait pas servir dans les armées d’Hitler. Il avait refusé. Tous lui disaient d’accepter le compromis : sa famille, bien sûr, mais aussi des membres du clergé, et jusqu’à son archevêque ! Rien n’avait pu le détourner de son choix, pour Dieu. Il fut assassiné, le 9 août 1943.

 

Seigneur Jésus, tu n’as rien gardé pour toi. Ton amour pour ton Père et pour nous t’a fait préférer la mort à ta propre vie et par là tu nous as sauvés du péché et de la mort. Que rien ne puisse jamais me séparer de toi.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane