« Il a rabaissé ceux qui siégeaient dans 

les hauteurs, il a humilié la citadelle

inaccessible, il l’a jetée à terre,

il l’a renversée dans la poussière »

Isaïe 26,1-6.

La venue de Dieu selon le prophète Isaïe sera un moment de vérité pour tous. Il y aura bien un « jugement », c’est-à-dire une évaluation des gens et des choses. Car la bonté de Dieu est juste, elle n’est pas laxisme. Elle est vérité, elle n’est pas mensonge. Elle est lumière, elle n’est pas ténèbres. Elle est communion, elle n’est pas division.

 

Pour cette raison, nous attendons la venue de Dieu, car nous avons bien conscience de vivre dans un monde marqué par la souffrance, l’injustice, l’exclusion, la domination des uns sur les autres, l’inégalité foncière des êtres humains. Nous savons bien que les uns pleurent tandis que les autres rient, que les uns débordent de biens sans rien laisser aux autres. Nous savons dire « ça n’est pas juste ! » même si nous peinons à savoir par quels chemins redresser la barre. Comment pourrions-nous penser que le Règne de Dieu s’accommode de tout cela ?

 

Qu’est-ce qui est donc insupportable, aux yeux de Dieu ? Isaïe l’énonce fort bien : l’orgueil et l’arrogance, l’insolence de la richesse qui n’est pas partageuse. Cela sera rabaissé et humilié. Alors tout le monde verra que c’est le Seigneur qui est là. Alors, les pauvres et les humbles pourront vivre, enfin !

 

Remarquons bien deux choses : d’abord, cela advient déjà ! Chaque fois qu’un pauvre ou un humble est honoré, servi, reconnu, accueilli, soulagé, le Royaume de Dieu est là ! Deuxièmement, cette réalité et ce combat me traversent. Il n’y a pas seulement le combat des uns contre les autres. En chacun de nous aussi, se battent l’orgueil et l’humilité, la méchanceté et la bonté, les ténèbres et la lumière. Le jugement passera au-dedans de moi et détruira en moi tout orgueil et toute arrogance.

 

Viens, Seigneur Jésus, nous t’attendons ! Toi seul peux déjà venir aujourd’hui, à travers chaque geste de solidarité et d’amour, et toi seul peux me libérer moi-même de tout ce qui s’oppose à ta lumière ! Viens, nous t’attendons !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane