Que Dieu me préserve !

« David vint couper furtivement le pan du manteau de Saül. Alors le cœur lui battit d’avoir coupé le pan du manteau de Saül. Il dit à ses hommes : ‘Que le Seigneur me préserve de faire une chose pareille à mon seigneur, au roi consacré, qu’il me préserve de porter la main sur lui, qui a été consacré par l’onction du Seigneur.’ »

1er livre de Samuel 24,3-21.

Nous lisons aujourd’hui ce qui est à mes yeux une des plus belles pages de l’histoire de David et de l’histoire de l’humanité. David est en fuite, car Saül veut le tuer ; réfugié dans une grotte, il voit avec étonnement le roi enter dans cette grotte pour se soulager ; alors que ses hommes espèrent que David va saisir l’occasion pour éliminer son adversaire, le jeune chef ne fait que couper un pan du manteau de Saül. Son but est double.

Il ne veut pas mettre la main sur le roi, qu’il considère comme l’Élu de Dieu. Mais d’un autre côté, il veut profiter de l’occasion pour manifester son innocence et écarter de lui le danger. Alors il laisse le roi repartir, puis il l’interpelle, lui montre le morceau de tissu qu’il a découpé, et manifeste au roi le respect qu’il a pour lui. Il n’a pas profité de l’occasion pour mettre la main sur lui.

Cela manifeste une très belle grandeur d’âme. David refuse de diaboliser son adversaire ! Il en connaît les qualités, et il est déférent devant sa fonction sacrée. N’est-il pas beau de voir que dans un conflit qui est de vie ou de mort, la victime ne perd pas la mesure et reconnait la valeur de son ennemi, de celui qui veut l’éliminer ?

Bien plus, David refuse de désobéir au commandement de Dieu : « Tu ne tueras pas » ; tu ne te feras pas justice à toi-même. S’en remettre à Dieu pour nous protéger et rétablir la justice est plus sain et courageux que l’inverse.

Je te bénis, Seigneur Jésus, pour la grandeur d’âme de ton ancêtre David. Quelle joie de voir que parmi les grands de la terre aussi ton esprit de paix, de miséricorde et de tendresse peut conduire leur vie et celle des personnes que tu leur confie. Que je n’ai jamais plus la tentation de mépriser ceux qui la vie m’amène à affronter.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane