Vous avez privé le pauvre de sa dignité

« Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé. Mais vous, vous avez privé le pauvre de sa dignité. Ne voyez-vous pas que ce sont les riches qui vous oppriment, et vous traînent devant les tribunaux ? »

Jacques 2,1-9.

Manifestement, il y avait dans la communauté chrétienne de Jacques un problème de relations sociales, et l’apôtre traite la question de front. Il veut rappeler trois choses à ses fidèles. La première, c’est qu’aux yeux de Dieu, toutes les personnes ont la même valeur. Il regarde chacun avec une même tendresse, sans tenir compte de son âge, de son origine, de ses convictions ou de son statut social. En cela, Dieu est radicalement différent de notre société dans laquelle souvent, nous sommes jugés non pas sur l’intérieur, mais sur l’extérieur.

La deuxième leçon de l’apôtre Jacques rejoint l’enseignement du Christ Jésus dans le discours des béatitudes, tant en Matthieu 5,1-11 qu’en Luc 6,20-24. Tant que la société sera divisée, Dieu se rangera du côté des pauvres, des petits et des opprimés. Chez lui, c’est inévitable ; il va vers ceux et celles qui n’ont que lui pour les défendre. Il ne le fait pas pour rejeter les autres, mais pour les obliger à changer, afin qu’ils se mettent, eux aussi, à regarder avec un œil fraternel ceux qui ont moins de chance qu’eux.

La troisième leçon de Jacques souligne que dans sa communauté les riches n’ont pas l’attitude correcte envers les pauvres. Et cela, précisément, Dieu ne peut l’accepter. Pour lui, il n’est certes pas interdit de posséder des biens, à condition de les partager et de ne pas mépriser ceux qui ont moins reçu ou moins accumulé.

Seigneur Jésus, puissions-nous entendre aujourd’hui encore le message de Jacques qui redit à ses fidèles ce que tu as toi-même enseigné à tes disciples. Qu’il n’y ait pas de pauvres parmi nous, que nous apprenions à partager davantage et que jamais nous ne tombions dans le piège de mépriser un seul de ces petits qui sont tes frères et tes sœurs.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane