«  Le Seigneur dit à Moïse : ‘Passe devant eux, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira !’
Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
»

Exode 17,3-7.

La longue marche du peuple hébreu dans le désert du Sinaï fut un temps nécessaire entre la sortie d’Egypte et l’entrée en terre promise. 40 ans n’étaient pas de trop pour qu’une bande d’esclaves en fuite se transforme en un peuple organisé, discipliné, conscient des responsabilités qui vont nécessairement avec l’exercice de la liberté. 40 ans pour se débarrasser des complexes nés de la situation d’esclave. Aucun maître ne peut prétendre que sa domination sur son esclave prépare ce dernier à la liberté.

Ces 40 ans sont pour nous symboliques de notre vie sur terre, ce long pèlerinage où nous apprenons, peu à peu, à travers les épreuves de la vie tout autant que dans ses joies, ce qu’il nous faut pour entrer, enfin, dans la vie éternelle, dont la mort est le passage inévitable. Notre vie se déroule entre deux traversées : la mer Rouge à notre naissance et le Jourdain à notre mort ; la Terre promise est au terme de ce chemin.

Dans le désert, il fait soif ! Moïse, choisi par Dieu pour être le guide de son peuple, connait les besoins de son peuple, et il sait son incapacité à y répondre. Alors il se tourne vers Dieu et Dieu opère pour lui le miracle. Sens des responsabilités, connaissance de ses limites, confiance en Dieu, telles sont les qualités d’un bon berger. Elles préfigurent le Christ, l’Eau Vive, soucieux du bien-être matériel et spirituel de l’humanité, comme le manifeste sa rencontre, au puits de Jacob, avec la Samaritaine (Jean 4,5-42). Notre soif est toujours double : l’eau pour le corps et l’Eau vive pour l’esprit.

Seigneur Jésus, apprends-moi à me tourner vers toi lorsque je suis dans le besoin, avec confiance et dans la conviction que tu ne refuses jamais ce qui m’est nécessaire. Apprends-moi aussi à vivre comme Moïse, attentif aux besoins de mes frères et sœurs, confiant dans la puissance de ton amour, désireux d’étancher sa soif et la mienne auprès de toi, l’Eau vive tout aussi nécessaire que celle du rocher.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane