Va te laver dans le jourdain

«  Des Syriens, au cours d’une expédition en terre d’Israël, avaient fait prisonnière une fillette qui fut mise au service de la femme de Naaman.
Elle dit à sa maîtresse : ‘Ah ! Si mon maître s’adressait au prophète qui est à Samarie, celui-ci le délivrerait de sa lèpre.’
»

2 Rois 5,2-3.

Nous méditons aujourd’hui l’histoire de la rencontre de Naaman avec le prophète Élisée en raison de ce qu’elle est citée par Jésus dans la synagogue de Nazareth, au moment où il se défend des critiques à son égard. En effet, Jésus ne favorise pas les siens, il est là pour ceux qui sont dans le besoin partout sur la terre. Nul n’est prophète en son pays, constate-t-il. Jésus reprend cette histoire pour faire comprendre aux gens de son village qu’il est venu pour tous et que personne ne peut être propriétaire du salut qu’il apporte. Il invite les croyants à une grande humilité et à une grande largesse de cœur.

Aujourd’hui, je retiens de l’histoire de Naaman l’engagement de la petite fillette devenue esclave. Elle a été faite prisonnière, et à son époque, un prisonnier devenait un esclave. Grace à Dieu, elle n’a perdu ni sa foi ni sa bonté. Sa foi parce qu’elle continue de croire dans le Dieu d’Israël et dans la puissance des prophètes de Dieu. Sa bonté parce qu’elle s’émeut de la maladie de son maître et s’inquiète de sa santé.

Son cœur est bon, comme l’était celui de Joseph,  vendu par ses frères, et comme l’est celui de Jésus, crucifié comme un esclave et offrant sa vie pour nous, dont les péchés sont la cause de sa mort. La bonté ne se manifeste pas seulement dans le bonheur. Elle transforme le malheur en chemin de salut pour soi et pour ceux qui nous font du mal. Comme le dit saint Paul, sois vainqueur du mal par le bien (Romains 12,21).

L’histoire sainte de l’Eglise est remplie de ces humbles fidèles qui ont su, par confiance en Dieu, transformer leur malheur en chemin de sainteté et de salut. « On sait bien que l’important, ce n’est pas ce qui arrive à une personne, mais la façon dont elle le prend » (Nelson Mandela).

Élisée étonne par la maîtrise de son comportement, la sobriété de des gestes et de ses paroles, son refus d’apparaître magique ou puissant par ses propres forces. Il est le serviteur de Dieu. Sa confiance est à la hauteur de sa foi.

En face, les grands ou ceux qui se pensent tels : le général, le roi d’Israël. Ils ont l’art de tout compliquer. Ils méprisent ceux qu’ils estiment à leur service comme valant moins qu’eux-mêmes. Ils sont fermés.

Aussi Dieu se sert des petits pour tenter de faire plier les grands. Décidément, notre Dieu ne se lasse jamais de venir à notre recherche, comme il est allé à celle de Naaman.

Seigneur Jésus, je te loue pour l’exemple de cette fillette et aussi pour l’humilité de son maître. Les temps changent, et je suis heureux de la volonté du monde actuel de se libérer de tout esclavage. Mais je rends grâce pour l’exemple donné par tant de gens comme cette fillette : c’est ta gloire de faire de nos épreuves le chemin de la santé et de la sainteté, les nôtres et celles des autres. Apprends-moi la bonne façon de prendre ce qui m’arrive dans la vie.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane