«  Ainsi parle le Seigneur : Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie.  »

Isaïe 65,17-21.

Le désir de Dieu, c’est de nous voir heureux, exultant, au sommet du monde ! C’est le désir de tout parent, mais tellement plus celui de Dieu ! Pour cela, la nouvelle qui vient de Dieu est une Bonne nouvelle ! C’est le sens, en français, du mot grec « évangile ». Quiconque n’est pas convaincu de ce désir de Dieu ne l’a pas encore connu. On lui a peut-être donné une fausse image de lui, une caricature…

Comme il est bon d’écouter cela alors que le monde est en détresse ! La pandémie rend plus fort encore le message de Dieu. Il ne souhaite pas ce qui nous arrive. Il sait par expérience que l’être humain, souvent, ne réfléchit que contraint. Sa joie est de nous voir revenir à Lui, c’est à dire en même temps à l’essentiel.

Dans son état définitif, ne nous faisons pas d’illusion, cette joie est eschatologique (autre mot bien compliqué !) c’est-à-dire qu’elle se réalisera à la fin des temps. Jusque-là, les joies et les tristesses sont inextricablement imbriquées les unes dans les autres. Déjà connaitre que la fin de l’histoire sera une victoire est réconfortant. Est-ce suffisant ?

Chaque jour cependant, le croyant perçoit des signes avant-coureurs de ce bonheur promis. Il les perçoit dans la grâce sacramentelle du pardon, qui nous rend la pureté de notre baptême. Il les perçoit dans la vitalité de sa paroisse et dans l’effort qui est fait pour que la communauté chrétienne soit une famille. Il les perçoit dans ses proches, ses voisins, ses collègues de travail… et puis il y a la joie que nous respirons quand nous approchons les saints ou que nous apprenons à les connaître… cela devrait suffire.

Oui, le bonheur du ciel est déjà là, sur notre terre. Il est là chaque fois que, abandonnant notre volonté propre, nous accueillons la volonté de Dieu comme le chemin de ce bonheur. Je pense par exemple à la bienheureuse Chiara Lucia Badano, qui avait 17 ans lorsqu’elle apprit le cancer des os qui devait l’emporter au ciel dix-huit mois plus tard et qui ne dit rien pendant de longues minutes, avant de tracer son chemin vers Dieu « Seigneur Jésus, si c’est cela que tu veux, je le veux. » Promue à la gloire du ciel le 7 octobre 1990, elle a été déclarée bienheureuse par Benoît XVI le 25 septembre 2010.

Que la joie de savoir ton projet, Père infiniment bon, traverse toujours les nuages amoncelés au-dessus de nos têtes, et que la certitude de ta victoire sur le mal transfigure nos épreuves et nos tentations. Tu ne veux que notre bonheur, et ta loi en est le chemin, donne-moi de goûter ses délices.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane